Et ils vont tous nous faire croire que personne n'était au courant quand tous les partis politiques sont financés par les banksters, le complexe militaro-industriel, les pétroliers et l'industrie pharmaceutique dont ils sont les VRP ?
Hollande sommé d’agir
Ce sont des moments rares en politique. Une stupeur qui saisit brutalement le pouvoir, paralyse les cabinets, provoque les rumeurs les plus folles. Depuis les aveux de Jérôme Cahuzac mardi 2 avril, l’exécutif est « en apesanteur », selon l’expression d’un proche de François Hollande. Le président de la République, qui était au Maroc en milieu de semaine, a eu le week-end pour réfléchir : sommé d’agir, il pourrait annoncer de nouvelles mesures pour provoquer un « choc de moralisation ».
Tout ce week-end, une « task force » Matignon-Élysée a travaillé sur les annonces qui pourraient être faites au conseil des ministres de mercredi. Depuis la Bavière où il a passé deux jours, le premier ministre Jean-Marc Ayrault a promis des mesures « d’une très grande fermeté » et « les décisions les plus courageuses », tant les premières annonces faites mercredi par François Hollande n’ont guère suffi. Elles reprenaient, pour l’essentiel, des décisions déjà prises ou des promesses de campagne. Plusieurs ministres, dont l’écologiste Pascal Canfin, plaident aussi pour un plan de lutte contre les paradis fiscaux.
L’exécutif réfléchit également à un vaste remaniement gouvernemental. L’hypothèse a pour l’heure été publiquement exclue par François Hollande. Mais l’idée fait son chemin chez les hollandais canal historique. « Je milite pour un remaniement ministériel : on doit avoir un gouvernement ramassé dans les prochaines semaines », a plaidé vendredi sur Mediapart le député Gwendal Rouillard, proche du ministre de la défense Jean-Yves Le Drian. Un gouvernement « de combat », dit-il, focalisé sur l’industrie et l’emploi (revoir ci-dessous la vidéo du débat organisé vendredi 5 avril avec six jeunes élus de gauche).
En direct de Mediapart : où va la France ? Après le séisme Cahuzac
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En direct de Mediapart : où va la France... par Mediapart
À l’Élysée, plusieurs réunions, en présence du président de la République, ont évoqué ce scénario mais les avis des conseillers de François Hollande sont partagés. Certains jugent que le remaniement n’apporterait rien, hormis l’impression de céder à la panique, et qu’il viendrait sanctionner des ministres qui n’ont rien fait de mal et « ont même plutôt bien bossé jusque-là », selon un conseiller. D’autant, expliquent-ils, que la déflagration provoquée par l’affaire Cahuzac cristallise, tout à coup, tous les mécontentements, et les colères diffuses, dans l’opinion. La radicalisation des opposants au mariage pour tous en est, selon eux, une autre preuve.
D’autres, en revanche, estiment qu’une équipe resserrée, accompagnée de mesures d’ampleur pour moraliser la vie politique et lutter contre les paradis fiscaux, est la seule issue pour un pouvoir incroyablement affaibli. À ce jeu-là, certains poids lourds du PS, déjà favorables à un remaniement il y a de cela plusieurs semaines, jouent aussi leurs cartes personnelles.
Tous sont en revanche d’accord, semble-t-il, pour accabler leur collègue Pierre Moscovici, sur la sellette depuis une semaine, déjà très critiqué avant l’affaire Cahuzac, et que beaucoup jugent « carbonisé ». Le ministre de l’économie et des finances a une nouvelle fois dû se justifier durant le week-end du lancement en janvier d’une enquête administrative sur son ministre délégué, deux semaines après l’ouverture d’enquête préliminaire par le parquet de Paris, et sur les fuites organisées dans la presse pour “blanchir” Jérôme Cahuzac. « J’ai été utilisé », a-t-il affirmé à Mediapart.
Moscovici : "pas à moi de mener une enquête"
Moscovici : "pas à moi de mener une enquête" par Europe1fr
Le ministre n’a, pour l’instant, pas convaincu l’opposition, à l’image du président de la commission des finances de l’Assemblée nationale Gilles Carrez. Dans une lettre qu’il lui a adressée vendredi, le député UMP lui demande : « pourquoi la demande de renseignements du 24 janvier 2013 ne portait-elle que sur l’éventualité de l’existence d’un compte à la banque UBS », « pourquoi cette demande ne portait-elle que sur les établissements d’UBS en Suisse » (et non à Singapour), et pourquoi Bercy s’est contenté de la période allant de 2006 à 2012. Son homologue du Sénat, Philippe Marini, a fait de même. Pierre Moscovici leur a répondu et a martelé dans un communiqué qu’il « n’y a eu aucune forme de dissimulation ni de complaisance dans la gestion de ce dossier ».
Des militants « lynchés », « agressés »
Mais la majorité est consciente que le séisme politique vise avant tout le président de la République. « C’est comme s’il n’y avait plus d’autre fusible », constate un responsable socialiste. Seul, en première ligne, il doit affronter les révélations qui se multiplient sur et autour du cas Cahuzac. Dimanche, plusieurs médias suisses (ici et là) ont affirmé que l’ancien ministre du budget a tenté de déposer 15 millions d’euros dans une banque de Genève en 2009.
Le climat délétère contamine jusqu’à son propre parti. Dimanche, le directeur de cabinet de Harlem Désir a ainsi comparé l’attitude de Jérôme Cahuzac à Jean-Claude Romand, célèbre pour avoir assassiné sa femme et ses enfants après avoir caché sa vie réelle pendant 18 ans. Les députés rentrés en circonscription témoignent aussi de militants « lynchés », « agressés sur les marchés ». « Du coup, certains des nôtres sont tellement en colère qu’ils veulent monter à Paris avec des fourches ! » s’alarme un élu socialiste.
Toutes les sensibilités politiques pressent désormais François Hollande de prendre des mesures inédites. Mercredi, c’est François Bayrou qui a dégainé le premier en lançant une pétition nationale en faveur d’une loi de moralisation de la vie publique passant par un référendum. L’écologiste Eva Joly plaide pour un « plan d'urgence contre les affaires et la corruption » dans un pays qu’elle croit « au bord de la crise de régime ». Une idée reprise dimanche par Laurent Wauquiez qui défend dans le JDD une « opération mains propres ».
Vendredi, Jean-Luc Mélenchon a appelé à une manifestation le 5 mai pour une VIe République, afin, dit-il de « purifier l'atmosphère politique absolument insupportable » et de donner « un grand coup de balai ». Initiative relayée par le parti communiste. « L'inaction du gouvernement face à la crise politique nous confirme qu'on ne peut en rester là, estime dans Le Monde Pierre Laurent, secrétaire national du PCF. Il faut mobiliser pour exiger un changement de cap. »
Mélenchon veut un "coup de balai"
Mélenchon veut un "coup de balai" par FranceInfo
« On est dans une impasse totale, qui peut imaginer qu'on va pouvoir continuer pendant quatre ans avec un président discrédité à ce point du point de vue démocratique ?, estimait vendredi soir sur Mediapart Ian Brossat, élu Front de gauche à Paris. On ne sortira pas de la crise démocratique avec quelques annonces ou un ripolinage de nos institutions. Les gens ne croient pas du tout dans la parole politique, (...) la question d'une VIe République va devoir se poser. » Il faudrait alors en passer par une dissolution et une assemblée constituante.
Vendredi, le premier secrétaire du PS Harlem Désir était, lui, à Limoges, vieux bastion socialiste, pour son premier meeting d’après affaire Cahuzac. Face à des militants déboussolés, il a repris à son compte l’idée d’un référendum, défendue par plusieurs députés socialistes, dont le proche de Jean-Marc Ayrault, Olivier Faure, et le numéro 2 du PS, Guillaume Bachelay. Désir propose de soumettre au suffrage les mesures de moralisation déjà annoncées par François Hollande, mais aussi sur le non-cumul des mandats. Une mesure chère aux militants PS, mais que bien des parlementaires socialistes n’appliquent pas. « Quand on voit qu’on n’est même pas capables de traiter le cumul des mandats. Je suis sidérée, c'est juste impossible à défendre », plaidait vendredi la députée PS Barbara Romagnan, invitée de Mediapart.
Cette proche de Benoît Hamon prône, de son côté, une consultation « sur le cumul des mandats y compris dans le temps, les conflits d'intérêts, les affaires » ou encore l’utilisation de la “réserve parlementaire” et des indemnités de frais de mandat des députés, dont « l'usage peut être totalement discrétionnaire ». « On doit savoir comment c'est utilisé, dit la députée. Comme on ne sait pas, on entretient cette idée que les gens trichent et ça discrédite la classe politique. »
Problème : François Hollande, qui garde un souvenir amer du non au traité constitutionnel européen en 2005 lorsqu’il était premier secrétaire du PS, se méfie comme de la peste des référendums. « Le référendum ne me semble pas pertinent du tout dans la période, on a mieux à faire », tranche d’ailleurs le “hollandais” Gwendal Rouillard.
http://www.mediapart.fr/journal/france/070413/hollande-so...