Quand Erdogan a donné l’ordre d’abattre un bombardier Russe il ne se doutait probablement pas des conséquences qui allaient en découler.
Sur le plan économique d’abord, la Russie a en quelques jours à peine coupé quasiment tous les contacts avec la Turquie: Citoyens turcs expulsés de Russie ou/et interdits d’entrée, annulation des contrats prévus, embargo sur les produits turcs, fermeture des centres culturels turcs en Russie, etc etc.
Mais c’est sur le plan des relations internationales que l’ouragan ne fait que se lever: La Russie a en effet publié hier, en direct devant plusieurs dizaines de journalistes, les preuves formelles attestant que non seulement la Turquie mais aussi directement la famille Erdogan, trafique le pétrole volé et revendu par Daesh, financant ainsi l’Etat Islamique.
La réaction d’Erdogan est normale pour un voyou de cette envergure: Tel un braqueur pris en flag dans le sas d’une banque, il nie. On peut le comprendre, son poste est en jeu bien que sa promesse de démissionner immédiatement si ces informations étaient prouvées n’engage que les naïfs y ayant cru. Mais sa vie même est en jeu car certains Services ne vont peut-être pas s’embarrasser de considérations légales pour liquider un des principaux financiers du terrorisme mondial…
Ce qui peut paraitre plus étonnant est la réaction quasi immédiate de Washington, qui « dément l’implication de la Turquie« . Face à une multitude de vidéos et photos satellites, les américains n’ont « vu aucune preuve à l’appui de telles accusations », a indiqué la porte-parole du Pentagone. Cette brave dame, qui semble avoir besoin soit de lunettes, soit d’un cerveau basique capable d’analyser un ensemble de photos et vidéos, parle au nom des Etats Unis, et il est donc clair qu’à travers elle, c’est Obama qui prend position.
Il est certain que venant d’un Président des Etats-Unis ayant fait du mensonge sa ligne de conduite – depuis le mensonge sur son lieu de naissance -, une telle position est elle aussi « normale »: Quand on est pris en flag, quand ses alliés sont pris en flag, une seule attitude: Nier. On a vu cela récemment avec l’affaire du vol civil abattu au-dessus de l’Ukraine, ou mystérieusement aucun satellite américain n’a été capable de détecter le coupable. Nier donc, mais aussi lancer une gigantesque offensive médiatique pour faire passer les coupables pour les victimes de l’abominable « Russie de Vladimir Poutine ».
Dans cette affaire du financement de Daesh, le but des Etats-Unis en soutenant ses alliés contre toute évidence – contre toute preuve! – est bel et bien de maintenir un front uni non pas contre l’Etat Islamique, mais contre la Russie. Il est à prévoir que les organes de propagande US vont accuser la Russie de vouloir briser la coalition contre Daesh, d’ailleurs le porte-parole du Pentagone ajoutait hier que « la Turquie déploie en commun avec ses partenaires internationaux des efforts pour renforcer le contrôle à sa frontière avec la Syrie. »
On sait bien entendu qui fait quoi en Syrie, c’est d’ailleurs bel et bien la suprématie Russe et sa position de pointe dans la lutte contre Daesh qui irrite les américains. D’une part ils perdent leur aura de « gendarme du monde », mais aussi et surtout ce sont leurs alliés terroristes, « modérés » ou non (!) qui sont durement frappés par l’Ennemi: La Russie.
On peut alors se demander jusqu’où est prêt à aller Obama dans sa haine contre la Russie. Soutenir la Turquie, financier de l’Etat Islamique, est d’un autre niveau que de soutenir la junte de Kiev, contre qui la Russie n’est quoiqu’on en dise pas en guerre. Mais la Russie EST en guerre contre Daesh. Donc contre ses financiers et ses soutiens.
On se souvient que les jours suivant la destruction par les turcs du jet Russe, Obama avait dit à Erdogan que ceci « ne devait plus se reproduire ». On pouvait considérer alors qu’il s’agissait d’une mise en garde à la Turquie, mais hier soir certains responsables à l’Etat Major Russe ont été surpris de la position du Pentagone, soutenant la Turquie encore APRES que les preuves aient été divulguées et la question se pose clairement: Jusqu’où Obama est-il prêt à soutenir son allié turc?
Car ne nous leurrons pas: Loin d’adopter un profil bas, la Turquie continue ses gesticulations tant verbales que militaires, par exemple les jets turcs violent régulièrement l’espace aérien grec, hier encore au-dessus de la Mer Égée. En Syrie, il est douteux que la Turquie, forte du soutien américain, cesse d’un coup son trafic de pétrole avec Daesh. Et il est plus que probable qu’un autre « incident » aérien surviendra au-dessus du territoire syrien, ceci posant clairement la question: Que fera Obama si un jet turc est abattu par la Défense Russe?
L’OTAN a déjà affirmé qu’elle « défendrait » ses membres en cas d’attaque, et la réaction américaine hier ne laisse guère de doute: Soutenir ses alliés, fussent-ils en tort, au risque d’une confrontation directe avec la Russie.
Voir aussi :