Le magistrat qui a mis en examen Sarkozy a reçu un courrier contenant des cartouches à blanc.
L'INFO. Le juge Gentil a reçu mercredi un courrier contenant des menaces de mort et des cartouches à blanc, annonce le Syndicat de la magistrature. Le magistrat, qui a mis en examen Nicolas Sarkozy pour abus de faiblesse dans l'affaire Bettencourt, n'est pas la seule cible de ces menaces. Ses proches et des membres du Syndicat de la magistrature "dont il ferait partie", précise le communiqué, sont également visés.
Un climat général de tension. Pour le Syndicat de la magistrature, étiqueté à gauche, cet envoi peut être lié au climat provoqué par les réactions virulentes des proches de l'ancien président après sa mise en examen. Le député UMP Henri Guaino avait notamment estimé que le juge Gentil avait "déshonoré la justice".
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L'organisation syndicale appelle donc à la retenue et à la "responsabilité". "La violence des propos de la 'garde rapprochée' de l'ancien président et l'œuvre de décrédibilisation de la justice à laquelle elle s'est livrée ne peuvent que susciter l'incompréhension des citoyens, la perte de confiance en l'institution judiciaire et, pour finir, l'insupportable déchaînement de haine envers les magistrats chargés de rendre la justice", écrit le syndicat.
Le CSM saisi par Taubira. Plus tôt mercredi, c'est déjà dans ce contexte que le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) avait indiqué avoir été saisi par la ministre de la Justice, Christiane Taubira. La garde des Sceaux avait formulé une demande d'avis sur les "conséquences pour le bon fonctionnement de la justice" des récents commentaires visant le juge Jean-Michel Gentil.
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Lors des questions au gouvernement mardi à l'Assemblée nationale, Christiane Taubira avait qualifié les commentaires de l'opposition de "propos inadmissibles dans un État de droit". "Si le magistrat mis en cause décide d'agir en justice, il bénéficiera de la protection judiciaire", avait précisé la ministre. Elle n'avait pas, en revanche, donné publiquement d'indications quant à une éventuelle action en justice à l'initiative de la Chancellerie visant un ou plusieurs auteurs de ces propos.
Sérénité !
Communiqué de presse du Syndicat de la magistrature en réaction au courrier particulièrement violent reçu par l’un des magistrats instructeur en charge de l’affaire Bettencourt, comportant des menaces de mort à son encontre ainsi qu’à l’égard du Syndicat de la magistrature
Communiqués de presse, publié le 27 mars 2013, mis à jour le 27 mars 2013
Après les déclarations indignées voire injurieuses de certains politiques suite à la mise en examen de Nicolas Sarkozy, après la mise en cause de l’impartialité d’un des magistrats en charge du dossier par Thierry Herzog, avocat de Nicolas Sarkozy, ce magistrat est aujourd’hui destinataire d’un courrier, auquel étaient jointes des cartouches à blanc, le menaçant clairement de mort, lui, ses proches, et les membres du Syndicat de la magistrature dont il ferait partie.
La violence des propos de la « garde rapprochée » de l’ancien président et l’œuvre de décrédibilisation de la justice à laquelle elle s’est livrée ne peuvent que susciter l’incompréhension des citoyens, la perte de confiance en l’institution judiciaire et, pour finir, l’insupportable déchaînement de haine envers les magistrats chargés de rendre la justice.
Le Syndicat de la magistrature le répète depuis cette mise en examen, Nicolas Sarkozy bénéficie comme chacun de la présomption d’innocence et a le droit de se défendre comme il l’entend.
Mais nous rappelons que chacun doit faire preuve de la plus grande responsabilité dans ses propos et dénonçons fermement cette intolérable escalade de violence.
Affaire Bettencourt : rien ne nous aura été épargné !
Communiqué du Syndicat de la magistrature en réaction aux multiples tentatives de déstabilisation de la justice dans l’affaire Bettencourt
Communiqués de presse, publié le 24 mars 2013, mis à jour le 24 mars 2013
Affaire Bettencourt : rien ne nous aura été épargné !
Tout sera décidément tenté pour que Nicolas Sarkozy ne soit pas mis en cause dans une affaire pénale.
Rappelons tout d’abord que le dossier de l’affaire dite Bettencourt est resté pendant des mois entre les mains du procureur de la république de Nanterre, Philippe Courroye, dont la proximité avec Nicolas Sarkozy est de notoriété publique, et que ce parquetier a usé d’une singulière énergie procédurière pour éviter que cette affaire soit confiée a un magistrat instructeur indépendant.
Puis, il y a eu les déclarations indignées voire injurieuses de certains politiques suite à la mise en examen de l’ancien président de la République qui ont conduit la garde des Sceaux, dans un communiqué du 22 mars, à regretter « tous propos qui porteraient atteinte à l’honneur des juges » et a rappelé que « l’indépendance de l’autorité judicaire (était) garantie par la Constitution ».
Mais les attaques persistent.
Ainsi une certaine presse n’hésite pas à évoquer la vie privée de l’un des magistrats en charge du dossier ou des traits supposés de son caractère pour affirmer qu’il serait de toute façon inutile d’intenter des recours contre ses décisions, ou encore que l’instruction serait nécessairement à charge.
Et, aujourd’hui, c’est l’avocat de Nicolas Sarkozy, Thierry Herzog, qui, dans un entretien au JDD, s’en prend à l’impartialité de ce juge au motif qu’il aurait signé une « tribune politique » le 27 juin 2012 contre Nicolas Sarkozy.
Il faut rappeler que ce texte, intitulé « Agir contre la corruption : l’appel de juges contre la délinquance financière », co-signé par les principales associations anti-corruption (Anticor, Sherpa, Transparency), des associations et syndicats de magistrats (l’association des jeunes magistrats, l’association des magistrats instructeurs, le Syndicat de la magistrature, l’union syndicale des magistrats administratifs), des syndicats de policiers, n’est en rien une tribune politique. C’est un appel qui, constatant les lacunes du système français en matière de lutte contre la corruption – carences par ailleurs rappelées dans de récents rapports dont celui de l’OCDE – propose les mesures à même d’y remédier. Rien à voir donc avec une attaque politique ciblée contre Nicolas Sarkozy… Sauf à considérer que tout juge d’instruction serait nécessairement partial à son égard parce qu’il s’est exprimé en faveur d’une politique volontariste en matière de lutte contre la corruption…
Le Syndicat de la magistrature dénonce avec force ces tentatives renouvelées de déstabilisation à l’encontre d’un magistrat instructeur qui, avec deux de ses collègues, a eu l’audace de considérer que Nicolas Sarkozy était un justiciable comme les autres.
Il dénonce avec la même vigueur une atteinte inadmissible à la liberté d’expression des magistrats. Car n’en déplaise à tous ceux qui rêvent d’une justice muette et aux ordres, le devoir de réserve ne se confond pas avec une obligation au silence, et les magistrats peuvent, comme tous les citoyens, participer au débat public, en rappelant notamment la nécessité de lutter contre la grande délinquance financière pour le bien commun.
Le Syndicat de la magistrature demande solennellement que cessent ces attaques afin que la justice puisse remplir ses missions avec la sérénité nécessaire à son bon fonctionnement.
http://www.syndicat-magistrature.org/Affaire-Bettencourt-rien-ne-nous.html