C’est seulement la semaine dernière, lorsque les Israéliens et les grandes puissances mondiale ont réalisé que la force de la résistance palestinienne n’a pas été ébranlée par les frappes israéliennes que ces pays ont commencé à chercher un cessez-le-feu.
Après l’échec de l’initiative égyptienne, les ministres des Affaires étrangères des Etats-Unis, du Qatar, de Turquie et de plusieurs pays européens, réunis à Paris, ont appelé samedi à prolonger le cessez-le-feu à Gaza entre Israël et le Hamas, pour "24 heures renouvelables".
"Nous appelons les parties à la prolongation du cessez-le-feu humanitaire" de 12 heures "qui est actuellement en vigueur, pour 24 heures renouvelables", a affirmé le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, à l'issue de la réunion.
"Tous, nous voulons obtenir aussi rapidement que possible un cessez-le-feu durable, qui réponde à la fois aux besoins légitimes israéliens en terme de sécurité et aux besoins légitimes palestiniens en terme d'accès et de développement socio-économique", a-t-il ajouté.
Peu après la réunion, le secrétaire d'Etat américain John Kerry a souligné qu'il comprenait la volonté israélienne de poursuivre les opérations contre les tunnels où le Hamas stocke des armes et par lesquels il lance des attaques au coeur d'Israël.
"Je comprends qu'Israël ne peut pas signer de cessez-le-feu sans que la question des tunnels ne soit tranchée. Nous le comprenons et nous y travaillons", a déclaré John Kerry à des journalistes.
"De la même manière, les Palestiniens ne peuvent pas accepter un cessez-le-feu s'il ne fait qu'entériner le statu-quo", a-t-il ajouté, appelant à un accord pour que les Palestiniens puissent "vivre dans la dignité", se déplacer librement et ne pas subir de violences.
A ses côtés, le ministre qatari des Affaires étrangères Khaled al-Attiya a insisté sur la nécessité de mettre un terme au blocus de Gaza par Israël, qui dure depuis huit ans.
Selon un responsable diplomatique français s'exprimant sous anonymat, la présence du Qatar et de la Turquie, proches du Hamas, ainsi que celle des Etats-Unis, soutien d'Israël, a permis une approche équilibrée lors de la réunion.
"Tous les pays ont parlé d'une seule voix", a assuré ce responsable. "Les massacres sont insoutenables, ils ne peuvent pas se poursuivre" et "celui qui rompra le cessez-le-feu humanitaire apparaitra comme celui qui n'a pas entendu l'appel de la communauté internationale", a-t-il ajouté.
Toujours selon cette source, "la Turquie est prête à envoyer des convois humanitaires" vers Gaza.
L'Union européenne pourrait de son côté faciliter la réouverture des points de passage menant à la bande de Gaza, avec un déploiement d'observateurs européens. Une présence européenne au point de passage de Rafah entre l'Egypte et Gaza avait été mise en place entre 2005 et 2007 avant d'être suspendue lors de l'arrivée au pouvoir du Hamas.
"Le but est de rouvrir ce point de passage mais les Egyptiens demandent d'autres points de passage entre Gaza et Israël. L'UE réfléchit à une surveillance de ces points avec Israël. Israël n'a dit ni oui ni non", a précisé le même responsable français.
"La Turquie et le Qatar vont reprendre leur bâton de pèlerin" et John Kerry "pourrait retourner" rapidement dans la région, afin notamment "de dire aux Israéliens que les hostilités ne peuvent pas durer", selon une source diplomatique française. "Si le message n'est pas entendu, les pressions se poursuivront", a-t-il précisé.
Cessez-le-feu prolongé jusqu'à minuit
Israël a accepté de prolonger de quatre heures le cessez-le-feu humanitaire dans la bande de Gaza qui devait prendre fin samedi à 20H00 locales (17H00 GMT), ont annoncé samedi l'armée et le ministre du Renseignement.
"Le cessez-le-feu est prolongé de quatre heures jusqu'à minuit", a déclaré une porte-parole de l'armée sur son compte Twitter.
Le ministre Youval Steinitz a confirmé cette information à la télévision israélienne: "Nous voulons frapper le Hamas mais pas la population civile palestinienne et éviter une catastrophe humanitaire."
Selon la radio militaire israélienne, le cabinet de sécurité, qui comprend les huit principaux ministres, devait se réunir dans la soirée peu après la fin du shabbat, le repos hebdomadaire juif.
Massacre sioniste
Peu avant l’entrée en vigueur d’une trêve humanitaire à Gaza, les forces d’occupation israéliennes ont commis un nouveau massacre.
20 civils palestiniens, dont 11 enfants, sont tombés en martyre suite à un raid israélien visant leur domicile à Khan Younès.
La plupart des victimes appartenaient à la même famille (Najjar), a précisé le porte-parole des services d'urgence, Achraf al-Qodra. Et parmi les enfants se trouvaient une petite fille d'un an et un petit garçon de 3 ans.
Un volontaire du Croissant-Rouge tué par un raid
Un volontaire des services d'urgences du Croissant-Rouge palestinien est également tombé en martyre à Gaza tandis que trois autres ont été blessés, dont un grièvement, lors d'une attaque contre deux ambulances, a annoncé samedi l'organisation humanitaire.
L'attaque s'est produite vendredi à Beit Hanoun, a indiqué le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) à Genève dans un communiqué. Jacques de Maio, le directeur de la délégation du CICR pour Israël et les Territoires occupés, a fermement condamné les attaques contre les ambulances et le personnel médical.
Ces ambulances portaient clairement l'emblème du Croissant Rouge, a souligné l'organisation humanitaire.
"Prendre pour cible des ambulances, des hôpitaux et du personnel médical constitue une violation sérieuse du droit de la guerre", a déclaré Jacques de Maio, cité dans le communiqué
Le CICR a rappelé que toutes les parties au conflit avait l'obligation de respecter et protéger le personnel médical, les installations et les ambulances, conformément aux règles humanitaires internationales.
Même l’hôpital de Beit Hanoun n’a pas échappé aux raids israéliens. Le porte-parole des services de secours a appelé toutes les instances internationales à agir pour mettre un terme aux bombardements israéliens contre cet hôpital et pour sauver le cadre médical et les secouristes qui y sont coincés.
Des dizaines des martyrs retirés des décombres
Après l'entrée en vigueur d'un cessez-le-feu humanitaire, au moins 85 corps de Palestiniens ont été retirés des décombres samedi matin dans la bande de Gaza, ont indiqué les services d'urgences locaux.
25 corps ont été retrouvés à Chajaya, une banlieue est de la ville de Gaza, et Zeitoun, 13 dans les camps de réfugiés de Deir al-Balah, Bureij et Nousseirat (centre) 25 à Beit Hanoun et beit Lahiya (nord) et 13 à Khan Younès et Rafah (sud), selon un bilan provisoire publié par M. Qodra.
Les dépouilles ont été conduites dans différentes morgues du territoire, à l'hôpital Kamal Adouane (nord de la bande de Gaza), dans les deux grands hôpitaux de la ville de Gaza et dans le sud, à l'hôpital européen de Khan Younès, ont précisé les secours.
Les réseaux d’électricité et de téléphone ont été totalement détruits dans les quartiers visés par les raids israéliens.
Les services de secours sont également entrés dans la région de Khoza pour dégager les cadavres ensevelis sous les décombres.
Près de 1000 martyrs
Le bilan de l’agression israélienne contre Gaza, depuis le 8 juillet, s’est élevé à plus de 985 martyrs et à plus de 6000 blessés. L'Unicef a fait état vendredi d'un bilan d'"au moins 192 enfants" tués dans la bande de Gaza.
4 soldats israéliens tués en 24 heures
Côté israélien, 4 soldats ont été tués lors des combats avec la résistance à Gaza, dont un officier de la brigade Golani, brigade d’élite de l'armée sioniste. 13 autres soldats israéliens ont été blessés, dont 3 grièvement atteint, selon le Yediot Aharonot.
Ce qui porte le bilan des soldats abattus depuis le début de l'offensive terrestre à 37, soit les pertes les plus lourdes pour l'armée d’occupation israélienne depuis sa défaite en 2006 face au Hezbollah libanais.
La Cisjordanie s'embrase
L’agression contre Gaza ne cesse de se répercuter sur la Cisjordanie occupée, théâtre de violents affrontements rappelant des scènes des deux intifadas.
Au terme d'un "jour de colère", les affrontements avec les forces d’occupation se sont poursuivis vendredi soir, avec notamment le martyre de deux Palestiniens de 16 et 18 ans. En 24 heures, les forces d’occupation israéliennes ont tué une dizaine de Palestiniens de Cisjordanie.
Cessez-le-feu de 12 heures
Entre-temps, un cessez-le-feu de douze heures entre « Israël » et les forces de Résistance est entré en vigueur samedi à 08H00 locale (05H00 GMT) dans la bande de Gaza.
Les efforts pour faire cesser durablement l'effusion de sang ont repris samedi à Paris en présence des ministres des Affaires étrangères américain, français, britannique, allemand, italien, qatari, turc et de l'Union européenne.
A en croire le secrétaire d'Etat américain, "le cadre fondamental" d'un cessez-le-feu durable avait été fixé, évoquant des points de "terminologie" à régler.
"Ce qui se dessine serait une trêve humanitaire de sept jours pour permettre à toutes les parties de venir discuter au Caire", avait auparavant expliqué à l'AFP un proche du président palestinien Mahmoud Abbas.
Rappelons que la Résistance palestinienne exige comme principales conditions d’un cessez-le-feu : la levée du blocus israélien imposé contre Gaza depuis 2006 et la libération des prisonniers palestiniens détenus après la libération du soldat israélien Shalit.
Al Manar