Vue d'artiste ...
C'est le scénario catastrophe évoqué, dans un rapport commandé par la Nasa, sur les conséquences que pourrait entraîner une tempête solaire de grande ampleur.
Ce scénario est peu probable, mais est possible, et le plus effrayant est qu'aucun signe avant coureur ne pourra le laisser prévoir. L'humanité disposera, au mieux, de 15 minutes de préavis ... pour faire quoi, de toutes les façons ?
Un rapport a été réalisé, à la demande de la Nasa, par le Comité sur les impacts sociaux et économiques des événements spaciaux extrêmes, et publié par l'Académie des Sciences de Etats-Unis. Le SSB (Space Studies Board) et le DEPS (Division on Engineering an Physical Science) ont participé à ce rapport dont le texte complet est accessible au "National Academies Press", un excellent résumé dans newscientist et une discussion sur le blog WattsUpWithThat.
Le rapport commence par une analyse des conséquences déjà subies d'événements historiques tels que :
- La perturbation des radars alliés durant une tempête solaire en 1942
- L'interruption des communications de l'avion Présidentiel Air Force One en route pour la Chine,
- Le blackout de 1989 au Québec à la suite d'une tempête solaire
- Et surtout l'embrasement" de Carrington (Carrington flare) en 1859, la tempête solaire la plus violente jamais subie par la terre.
Voici une image de cette aurore boréale (voir aussi une extraordinaire collection d'aurores boréales).
Durant cet évènement, il faisait jour en pleine nuit et le phénomène a été visible dans toute toute l'Amérique du Nord, jusqu'au Nord de l'Amérique du Sud, et dans une partie de l'Europe.
Cet évènement a eu de graves conséquences sur les systèmes électriques, et télégraphiques - devenus fous pendant une semaine - et même sur le champ magnétique terrestre.
Les nitrates produits dans l'atmosphère, par l'intense bombardement sur les pôles ont saturé l'atmosphère pendant des mois (une chance que les nitrates soient parfaitement inoffensifs pour l'homme).
Les experts n'ont retrouvé aucune trace dans l'histoire d'une tempête solaire plus puissante que celle de Carrington, mais n'excluent pas non plus que cela puisse arriver.
Mais de toutes les façons, la tempête de Carrington, elle, s'est produite, et donc, pourrait se reproduire. Or, si la tempête solaire de Carrington devait se reproduire aujourd'hui, les conséquences en seraient incommensurablement plus graves.
En effet, l'ensemble du monde est devenu beaucoup plus dépendant des réseaux de tous ordres qui seraient aujourd'hui mis hors d'usage. On a vu, au Québec en 1989, avec une petite tempête solaire, qu'une région entière pouvait ête privée d'électricité pendant plus de 9 heures, par la mise hors d'état d'un seul transformateur.
Une tempête solaire aussi puissante que celle de 1859 détruira une bonne partie des réseaux électriques et électroniques dont nous sommes devenus dépendants. Le réseau de lignes haute-tension agira comme une antenne qui véhiculera des tensions inimaginables vers les transformateurs. Les auteurs du rapport ont calculé que 300 transformateurs critiques seront détruits dans les 90 secondes, plongeant dans le noir 130 000 000 de personnes.
Le scénario développé par le comité à partir de là est réellement apocalyptique. En effet, à partir de là, instantanément ou progressivement, l'ensemble de tout ce qui permet la vie cesse de fonctionner :
- Plus d'eau car on ne peut plus la pomper.
- Plus de trains et de métros
- Plus de livraison de carburant et de gaz. Même les pipelines sont arrêtés.
- Les centrales au charbon ont environ 30 jours de réserve, mais à qui livreront-elles le courant sans transformateurs ?
- Les livraisons par camions fonctionnent jusqu'à ce que les réservoirs, qu'on ne peut plus remplir, soient vides, sauf interruption des moteurs électroniques,
- Les générateurs de secours eux-même fonctionneront jusqu'à ce qu'on ne puisse plus leur fournir le carburant
- Les hôpitaux fonctionneront 72 heures, jusqu'à ce que leurs générateurs s'arrêtent.
- Les magasins vendront (sans caisse enregistreuse et sans cartes de crédit - vous imaginez ?) jusqu'à ce que leurs rayons soient vides, car ils ne seront pas approvisionnés avant longtemps.
- La population ne peut plus se nourrir, se chauffer ou se rafraîchir, ni se soigner. Les diabétiques meurent les premiers (il y en a des millions aux US) ...
Il faudra des années pour tout reconstruire. La construction d'un gros transformateur demande une année - si l'usine a de l'électricité - et on arrivera vite au bout du stock de transformateurs de remplacement. Pendant toutes ces années, les gens vont mourir par millions ... de faim, de soif, de maladies ... comme aujourd'hui dans le tiers-monde, et pour la même raison de base : le manque d'électricité.
En conclusion, les auteurs du rapport pensent, et démontrent, qu'un événement tel que celui de 1859 serait aujourd'hui la pire des catastrophes naturelles qui puisse frapper l'humanité. Une telle catastrophe peut survenir à tout moment, sans même être précédée d'une période de suractivité solaire (en 1859, l'activité solaire était moyenne, sans plus). Dans l'hypothèse où le réseau de satellites de surveillance serait en état, l'alerte catastrophe arriverait 15 minutes avant l'impact. Pas plus.
Paradoxalement, les pays développés seront beaucoup plus frappés que les autres :
- Dans tous les autres cas de catastrophe naturelle, les pays riches sont les mieux à même de résister - du fait de leur technologie qui sera arrêtée de toute façon - et les pays pauvres sont les plus atteints (le même cyclone qui passe sur Haïti où il fait un millier de morts, passe ensuite sur la Floride où il fait au plus quelques victimes).
- Dans le cas d'une tempête solaire, c'est la dépendance même à la technologie qui est le talon d'Achille des pays riches.
Et, de toutes les façons, mourir par millions, de faim, de soif, de maladie, les pays émergents savent déjà ce que c'est ... ils y sont habitués !...