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20/11/2015

Pourquoi la Russie a des doutes sur la sincérité de F. Hollande?

Les russes sont lucides sur le bonhomme Hollande et sur ses réelles intentions quant à vouloir tout à coup, créer une large coalition avec les USA et la Russie !

Rajoutons l'affaire de l'Ukraine, celle de l'avion descendu par les Ukrainiens, les critiques pour l'annexion de la Crimée sur un référendum populaire, l'annulation de la vente des Mistrals, les sanctions toujours maintenues contre la Russie, les humiliations de faire sortir Poutine provisoirement du G7 ou G20, Poutine doit avoir une excellente mémoire et il doit attendre Hollande au tournant.

Pourquoi la Russie a des doutes sur la sincérité de F. Hollande?

vendredi 20 novembre 2015

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V. Tretiakov, politologue

François Hollande, après les attentats de Paris, décide de faire deux visites. La première à Washington. La seconde à Moscou. Afin de permettre un front uni contre l'état islamique. Nous avons déjà montré en quoi cette alliance élargie est loin d'être facile et sa possibilité même se heurte à la réalité des intérêts géopolitiques divergents des deux grands joueurs (voir notre analyse ici).

Au-delà des difficultés déjà soulevées, la personnalité même de F. Hollande et la politique française laissent planer de sérieux doutes sur sa crédibilité en tant que nouvel allié stratégique de la Russie.

 Même si les médias français semblent très (trop) optimistes sur l'avenir d'une grande coalition démocratique à laquelle la Russie se serait enfin ralliée après les attentats de Paris, comme l'a très justement remarqué un lecteur, vu de Russie, la situation est beauc

oup plus complexe et parfaitement exprimée par Vitaly Tretiakov, politologue, doyen de l'école supérieure du journalisme télévisuel à l'Université d'Etat de Moscou (Lomonossov).

Voici son interview sur la chaîne national TV Tsentr du 18 novembre pour l'émission analytique "La 25e heure":

 
 
Les idées avancées sont simples et claires et on les retrouve sur sa page Facebook.
 
Tout d'abord, de Russie, le processus d'islamisation de l'Europe est devenu un "fait" difficilement contestable. Les pays européens, entendus de l'Union européenne car la Russie aussi est européenne même si elle ne fait pas partie de l'UE, ont renoncé à leurs racines chrétiennes. Par l'importance migratoire des populations de confession musulmane issues des anciennes colonies et avec les vagues migratoires récentes, ce renoncement créé un vide qui potentiellement peut être occupé par l'islam. 
 
Le conflit de civilisations lié à la religion arrive à un stade de conflit ouvert et débouche sur une forme de guerre. Dans ce cadre, la question se pose de savoir pourquoi les pays européens ne cherchent pas une plus grande coopération avec la Russie, l'allié naturel d'un point de vue culturel dans ce cas. La réponse est, pour V. Tretiakov, historique. Les pays d'Europe de l'ouest, la vieille Europe, ont toujours vu dans la Russie un concurrent sur le même continent. Il ne faut pas non plus oublier l'autre facteur, qui perdure, à savoir le complexe de supériorité qui gangrène les pays européens. Sûrs de leur supériorité culturelle, de leur bon droit, de la vérité inaltérable et indiscutable de leurs valeurs, ils ne supportent pas qu'un pays puisse choisir une autre voie. La Russie est donc souvent perçue comme un pays non civilisé.
 
Ainsi, les pays européens ne se retournent vers la Russie qu'en cas de véritables problèmes, lorsque leur existence est en jeu. Mais cela peut-il être pour autant conçu comme une alliance véritable, construite de principe de l'égalité de ses membres? L'on peut en douter. Car si les membres sont sur un pied d'égalité, ils doivent également partager les bénéfices politiques et économiques de la victoire, et cela l'Occident ne peut se le permettre.
 
En ce qui concerne plus particulièrement la France, il est significatif de voir arriver son Président non pas après le crash de l'airbus A321 en Egypte, mais après les attentats de Paris. Autrement dit, l'alliance qui se profile est une alliance dictées par les circonstances et non par un changement profond de politique intérieure. Il s'agit d'une alliance tactique et non stratégique.
 
D'autant plus que la France maintient les sanctions, ne remet pas en cause son choix de ne pas livrer les Mistrals. Bref, ne modifie en rien sa politique ni ses obédiences. Or, si la Russie est à ce point un pays dangereux pour ne pas lui livrer les navires militaires commandés et payés, pourquoi lui demander de l'aide, militaire justement ? Cette incohérence montre bien que la politique française n'a pas changé.
 
La Russie reste au minimum, pour la France, un concurrent, au pire un ennemi, donc les sanctions sont maintenues, mais en ce moment c'est un ennemi nécessaire et la real politik impose de collaborer avec elle. Ça ne va pas plus loin. Se pose alors avec insistance la question de la confiance que les autorités russes seront susceptibles d'accorder à F. Hollande. 
 
 

François Hollande à Moscou : la coalition de l’impossible

Le décor est ainsi planté !

Il ne s'agira pas pour Hollande d'arriver bille en tête pour décider de faire des frappes tous azimuts, pour le plaisir de frapper, car Poutine se chargera de lui parler de la région, des intérêts et de la culture des uns et des autres.

François Hollande à Moscou : la coalition de l’impossible

Traduit par : Le Courrier de Russie , source : Maxime Yussine — publié vendredi 20 novembre 2015

« Le premier problème auquel sera confronté François Hollande est lié au fait que, pour la majorité des forces impliquées dans le conflit syrien, l’EI n’est, de loin, pas le principal ennemi. »

Francois Hollande au congres à Versailles le 16novembre 2015. Crédits : parti-socialiste.fr

Le président François Hollande se rendra la semaine prochaine aux États-Unis et en Russie, dans l’intention de créer une large coalition internationale de lutte contre l’État islamique. Maxime Ioussine, journaliste du quotidien russe Kommersant, énumère les difficultés qui attendent le dirigeant français.

Le premier problème auquel sera confronté François Hollande, en tentant de créer une coalition de résistance à l’État islamique, est lié au fait que, pour la majorité des forces impliquées dans le conflit syrien, l’EI n’est, de loin, pas le principal ennemi. Et ces forces n’ont absolument pas l’intention de mobiliser le maximum d’efforts et de ressources possibles pour le combattre.


Pour les monarchies du Golfe persique, l’Arabie saoudite en tête, l’Iran chiite et le régime de Bachar el-Assad qui en dépend sont des adversaires autrement sérieux. Pour Riyad, l’Etat islamique, ce sont certes des radicaux et des terroristes, mais ce sont « les leurs », des sunnites. Et si l’on met de coté certains traits extrêmes, les fondateurs de l’EI soutiennent la même idéologie que Riyad, où le wahhabisme (ou salafisme) est la religion officielle.


Pour l’Iran, l’EI ne devient le principal adversaire que lorsqu’il menace directement ses alliés dans la région : le gouvernement chiite à Bagdad ou Bachar el-Assad à Damas. Mais tant que les guerres de djihad se déroulent au sein des régions irakiennes et syriennes peuplées de sunnites, elles ne dérangent pas tant que ça Téhéran.


Damas, de son côté, combat bien plus durement les autres groupuscules de l’opposition (souvent non moins radicaux que l’EI). Les forces d’Assad ne rencontrent pas si souvent l’État islamique lui-même sur les champs de bataille.


La Turquie n’a jusqu’à présent porté que des frappes aériennes symboliques, qui n’ont pas causé de sérieuses pertes à l’EI. La campagne qu’Ankara mène contre les Kurdes est autrement intensive et acharnée. De son côté, l’EI a utilisé jusqu’au dernier moment avec succès l’ « itinéraire turc » pour sa contrebande de produits pétroliers et le transit de ses combattants.


Pour les Kurdes (autant irakiens que syriens), la guerre contre l’EI est plutôt défensive, forcée. Au cours des deux dernières années, ils se sont défendus contre les djihadistes dans les lieux où ils résident en masse ; mais on imagine mal les Kurdes irakiens, par exemple, déployer une attaque pour libérer de l’État islamique la ville de Mossoul, peuplée de deux millions d’Arabes sunnites. Il s’agit, pour les Kurdes, d’un territoire étranger et d’une guerre étrangère. De plus, la liquidation de l’EI dans les régions sunnites d’Irak renforcerait le régime de Bagdad, ce qui n’est pas dans l’intérêt des autorités du Kurdistan irakien, qui aspire à une autonomie maximale.


Pour les chiites, qui constituent la majorité de la population de l’Irak, le plus important était de protéger Bagdad de l’EI. Cette tâche, malgré la série d’échecs humiliants de l’été dernier, a finalement été menée à bien. Mais les détachements de la milice chiite et de l’armée irakienne combattent bien moins volontiers pour la libération des villes sunnites d’Irak : Falloujah, Ramadi et Mossoul. Au cours de l’année et demie écoulée, on ne recense à leur actif qu’une victoire manifeste : la prise de la ville natale de Saddam Hussein, Tikrit, en mars 2015.


Appeler Israël à participer à des combats dans un de ces pays arabes serait presque contre-productif, malgré toute sa puissance militaire. Le degré de haine de la population à l’égard des « sionistes » est si élevé qu’il priverait du soutien populaire toute coalition incluant l’État juif. Un État juif qui, de son coté, ne brûle pas d’envie d’intervenir dans le conflit syro-irakien.


Les États-Unis, enfin, depuis le début de la présidence de Barack Obama, s’efforcent de réduire au maximum leur implication dans des combats militaires à l’étranger. Le contingent américain a été totalement évacué d’Irak (il ne reste sur place que des conseillers) et radicalement réduit en Afghanistan. Washington fait le choix des frappes aériennes et du soutien aux formations locales, qui donnent l’assaut aux villes et reconquièrent le territoire elles-mêmes. Et en Irak, cette tactique a porté peu de fruits au cours de l’année et demie écoulée – les succès des forces gouvernementales dans la lutte contre l’EI sont plus que modestes.


Ainsi François Hollande se retrouve-t-il face à un défi véritablement titanesque : briser les schémas habituels en forçant les pays de la région et les puissances mondiales à se mobiliser précisément contre l’EI, et non contre ceux qu’ils considéraient, jusqu’aux attentats de Paris, comme leurs principaux opposants.


Nous espérons que le président François Hollande saura s’acquitter de cette tâche, et que Moscou sera pour lui un allié fiable dans la défense de cette juste cause.

 

 

 

Hollande ordonne l'«intensification» des frappes contre l'EI en Syrie mais aussi en Irak

Hollande nous la joue à la Batman, maintenant, après que Valls ait refusé de prendre la liste des "mercenaires" qui lui avait été proposée par les services secrets syriens, il y a 2 ans pour une question "d'idéologie" ?

Il est toujours dans le cadre d'opérations militaires illégales et puisqu'il veut avoir une réponse de l'ONU, il attend que cette résolution soit votée avant de se permettre d'aller agresser des pays souverains !

S'il s'imagine que c'est comme cela qu'il va soi-disant créer une large coalition avec les USA et la Russie pour aller combattre les mercenaires qu'ils ont consciencieusement armés et financés, Poutine, le ramassera vite fait !

Hollande ordonne l'«intensification» des frappes contre l'EI en Syrie mais aussi en Irak

Le président François Hollande a ordonné l' «intensification» des opérations des frappes contre le groupe État islamique (EI) en Syrie mais aussi en Irak, a annoncé l’Élysée jeudi soir dans un communiqué.


«François Hollande a donné les instructions nécessaires à l'intensification des opérations militaires en cours pour lutter contre Daech en Syrie comme en Irak», écrit la présidence dans ce communiqué diffusé à l'issue d'un Conseil de défense.

Lire aussi : Après les attentats, la France riposte et bombarde massivement le fief de Daesh


Ce texte appelle les Etats à «redoubler d'efforts et à coordonner leurs efforts pour prévenir et stopper les actes terroristes commis spécifiquement» par le groupe Etat islamique et par d'autres groupes terroristes associés à Al-Qaïda.

Lire aussi : Syrie : les chefs d'Etat-major français et russe s’allient pour la première fois par téléphone

 

 

L'Aipac, (American Israel Public Affairs Committee) le lobby pro-israélien des États-Unis

Et en France nous avons le CRIF, plus le Parlement Juif Européen !

L'Aipac, le lobby pro-israélien des États-Unis

Par Laure Mandeville, correspondante à Washington
Mis à jour Publié

Le président israélien, Shimon Pérès, a prononcé un discours lors de la soirée d'ouverture de la conférence annuelle de l'Aipac, à Washington, le lundi 4 mai 2009.

Fort de 100 000 membre, il a pour but de veiller à maintenir intacte l'alliance stratégique qui lie, depuis 1948, l'État hébreu aux États-Unis.

(Article publié dans Le Figaro du 18 mai 2009)

Il est 19 heures ce lundi 4 mai, et une soirée exceptionnelle commence à Washington. Dans l'immense salle bleu nuit du centre de conférences de la capitale américaine, sont réunis près de 6 500 convives de marque en tenue de soirée, venus de tous les coins du pays et du monde. Des lumières laser glissent sur les visages, donnant à l'événement une atmosphère festive de gala. Des dizaines de serveurs vont et viennent entre les tables, déposant des assiettes où trônent des volailles farcies. «C'est le plus grand dîner casher du monde», sourit Caroline Chetrit, une Juive espagnole de Madrid qui a constitué une veille de l'antisémitisme en Espagne et vient chaque année depuis cinq ans. «On se croirait à Hollywood», ajoute Ofer Bronstein, conseiller du premier ministre Zapatero pour les relations avec Israël, en observant avec amusement la mer de convives qui s'étale à perte de vue.

Pourtant, cette soirée qui se tient à grands frais à Washington n'a rien à voir avec le show-biz. La puissance invitante n'est autre que l'Aipac (American Israel Public Affairs Committee), un lobby pro-israélien américain dont le but est de veiller à maintenir intacte l'alliance stratégique qui lie, depuis 1948, l'État hébreu aux États-Unis. Ce comité tient sa conférence annuelle durant trois jours intenses de tables rondes animées par des experts et des personnalités politiques de haut niveau. Le président israélien, Shimon Pérès a ouvert les travaux. Le vice-président Joe Biden les a clôturés. «Il s'agit du plus important rassemblement de l'année pour la communauté pro-israélienne, note le président de l'Aipac, David Victor. Alors que le Moyen-Orient traverse une période de défis et d'opportunités sans précédent, c'est le moment de venir à Washington et de rejoindre tous les autres Américains qui partagent notre passion pour la relation israélo-américaine, pour faire en sorte que nos voix soient entendues au Congrès.»

100 000 membres

L'Aipac naît en 1951, trois ans après la naissance d'Israël, surgi des cendres de l'effroyable génocide juif. Les Juifs d'Amérique, dont beaucoup sont des survivants de la Shoah, en viennent à penser que si Israël avait existé, l'Holocauste n'aurait pu avoir lieu. Garantir la survie du nouvel État, en travaillant au renforcement de la relation États-Unis-Israël, devient alors la priorité des priorités d'une large partie de la communauté juive américaine. Cet objectif n'est remis en question par personne au sein de l'establishment politique américain, qui voit dans la défense d'Israël une priorité de sa diplomatie. L'Aipac, qui ne finance aucune campagne électorale, se concentrant sur ses objectifs d'éducation et d'influence, ratisse large, comptant dans ses rangs de nombreux membres non juifs. Elle n'est nullement une organisation occulte, mais un lobby qui a pignon sur rue, agissant en toute transparence conformément au système en vigueur aux États-Unis. Contrairement à ce qui prévaut en France, où les lobbies sont associés à une théorie du complot, ils sont, là-bas, institutionnalisés et officiels, partie intégrante du processus démocratique.

Mais l'Aipac, qui réunit 100 000 membres, n'en reste pas moins exceptionnel par sa capacité de ralliement, qui le situe, selon les experts, au côté du lobby des retraités ou du lobby des armes (National Rifle Association). «C'est l'organisation de lobbying la plus influente en matière de politique étrangère», affirme son site Internet, qui dit employer 165 personnes à plein-temps à travers la plupart des États américains et disposer d'un budget de 45 millions de dollars. Outre ses solides soutiens politiques, l'Aipac mobilise des fonds importants. Beaucoup de personnalités font des dons pouvant aller jusqu'à des centaines de milliers de dollars. Les invités arborent sans complexes des badges sur lesquels apparaît l'importance de leurs donations en fonction des couleurs inscrites. Plus on affiche de couleurs, plus on compte au sein de l'organisation, explique une généreuse donatrice venue de Floride, et membre du Board.

Ce lundi soir, la «force de frappe» politique de l'Aipac apparaît avec éclat quand commence le roll call, l'appel de toutes les personnalités de marque présentes au gala. Sur fond de musique de film destinée à garantir l'émotion de la salle, deux organisateurs lisent avec emphase la liste des invités. À chaque fois, la salle applaudit, enthousiaste. On a l'impression d'assister à une cérémonie des Oscars. Près de la moitié des élus du Congrès sont là, républicains comme démocrates, car l'Aipac est bipartisan. On aperçoit de nombreux membres en vue de l'Administration Obama ainsi que la plupart des ambassadeurs accrédités à Washington. Puis apparaît le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, depuis Jérusalem, pour une adresse retransmise par télé-satellite. Il se garde bien de prononcer le terme «d'État palestinien», se contentant de formules vagues sur l'économie et la paix. Mais il est très applaudi quand il parle de la menace nucléaire iranienne, le cœur de son discours. «C'est impressionnant», confie un homme venu de Californie. Il explique qu'il a réactivé récemment sa souscription car il a «l'impression de faire quelque chose d'important en étant ici». Il y a croisé tant de personnalités de premier plan : le président de la commission des affaires étrangères du Sénat, John Kerry Cohen, l'ancien speaker conservateur Newt Gingrich…

La conférence de l'Aipac est un must pour les politiques. Selon une tradition ancrée, tous les candidats à la présidentielle y étaient venus l'an dernier exposer leur vision du Moyen-Orient et exprimer leur attachement à la relation avec Israël. Hillary Clinton avait parlé d'une «réunion géante de famille» ; McCain, loué «une organisation magnifique» ; et Barack Obama, évoqué «le lien indissoluble hier, aujourd'hui et pour toujours» entre Israël et les États-Unis. Dès le lendemain du gala, des milliers de participants montent sur la colline du Capitole pour quelque 515 rencontres avec des parlementaires. Inquiets des ouvertures de l'Administration Obama vers le régime des mollahs, les lobbyistes de l'Aipac veulent convaincre les députés de voter en faveur d'une panoplie de sanctions très dures en cas d'échec de la négociation. Leur projet de loi propose d'imposer des sanctions aux entreprises qui fournissent du carburant aux Iraniens, ceux-ci dépendant à 40 % de l'étranger pour l'essence et le diesel.

Mais un vrai suspense entoure désormais cette stratégie, vu la volonté très affirmée d'Obama de privilégier une nouvelle approche, plus équilibrée, du règlement du conflit israélo-palestinien. Dans les dernières semaines, le président a clairement prôné une solution à deux États. Son vice-président a plaidé devant l'Aipac contre la poursuite de la colonisation israélienne dans les Territoires occupés. Rahm Emanuel, chef de l'Administration présidentielle et personnage influent de la communauté juive américaine, aurait même invité ses amis de l'Aipac à changer de ligne lors d'une table ronde fermée à la presse. Selon nombre de sources, l'Administration souhaiterait mettre Nétanyahou sous pression et nuancer le caractère inconditionnel du soutien américain à la politique de la droite israélienne, qui avait prévalu sous Bush.

La concurrence d'une nouvelle organisation

Ce soutien inconditionnel avait été mis en évidence en 2006 dans un livre fracassant (*) par deux professeurs d'université, John Mearsheimer et Stephen Walt, pourtant connus pour leur orientation centriste et pro-israélienne. Les deux chercheurs, dont l'ouvrage a suscité une vaste polémique et même des accusations d'antisémitisme, voulaient révéler ce qu'ils voient comme une forme d'OPA de la droite israélienne likoudnik sur la politique étrangère américaine, via l'Aipac. «Je suis pro-israélien, mais j'estime qu'une politique aussi déséquilibrée ne sert pas les intérêts des États-Unis ni d'Israël», a confié, en février dernier, Stephen Walt à une radio française. «Je suis impressionné par l'engagement civique de l'Aipac, mais pas d'accord avec sa définition de l'intérêt israélien. Il faudra bien en venir à une solution de deux États séparés, et Nétanyahou le sait», avance le Franco-Israélien Ofer Bronstein.

En écho à ces préoccupations sur l'alignement jugé excessif de l'Aipac sur la droite israélienne, un lobby pro-israélien concurrent, J Street, destiné à mobiliser la rue juive libérale en faveur d'une approche plus équilibrée du conflit, s'est mis en orbite au Congrès depuis l'année dernière. Cette nouvelle organisation serait encouragée en sous-main par l'équipe Obama, qui cherche des appuis pour affiner son changement de cap de politique étrangère. «L'Aipac a l'oreille de l'establishment politique, dit un responsable de J Street en privé. Mais de nombreux juifs ne sont pas d'accord avec le Likoud. C'est à eux que nous nous adressons. N'oublions pas que la communauté juive a voté à plus 78 % pour Obama. Elle ne soutient plus une politique qui échoue depuis si longtemps.»

Peu convaincu, l'Israélien Avi Beker, professeur à l'université de Georgetown, explique que «la communauté juive américaine est un monde complexe», mais qu'une «solide» majorité d'Américains adhère à la vision de l'Aipac et son scepticisme sur les perspectives actuelles d'un État palestinien. «Vu la menace iranienne et le comportement du Hamas, ce n'est pas près de changer», conclut-il.

(*) John Mearsheimer et Stephen Walt, «Le Lobby pro-israélien et la politique étrangère américaine», La Découverte 2007.

» Obama veut imposer à Israël un Etat palestinien

Par Laure Mandeville, correspondante à Washington

 

 

Prorogation de l'état d'urgence : la Quadrature du Net «documente le désastre»

Prorogation de l'état d'urgence : la Quadrature du Net «documente le désastre»

Résultat du vote à l'Assemblée Nationale © Capture d'écran Twitter
Résultat du vote à l'Assemblée Nationale

Alors que l’Assemblée nationale a quasiment à l’unanimité voté le projet de loi sur la refonte de l’état d’urgence, la Quadrature du Net s’inquiète de la portée de ce texte qui, selon elle, menace les libertés fondamentales des Français.

L’association, qui s’est déjà distinguée par sa farouche opposition à la loi dite «de renseignement» votée après les attentats de janvier, estime que «la classe politique dans son ensemble se désavoue elle-même en répondant par la restriction générale des libertés publiques à une attaque sans précédent contre nos libertés».

Pour la Quadrature du Net, la prorogation de l’état d’urgence vise à «s'affranchir du principe de séparation des pouvoirs », affirmant que nombre de perquisitions administratives depuis sa mise en place n’avaient pas de lien avec le terrorisme, rejoignant par là le scepticisme du Syndicat de la magistrature, qui craint l’émergence d’un Etat policier. Ces perquisitions permettront notamment la copie des données trouvées dans les éléments informatiques, mais aussi tous les documents «accessibles à partir du système initial ou disponibles pour le système initial», soit «notamment toute information accessible via des identifiants, ou contenu stocké sur Internet».

L’association s’inquiète aussi de la reformulation des raisons pouvant mener à l’assignation à résidence. Si le texte de 1955 exigeait que l’«activité s'avère dangereuse pour la sécurité et l'ordre publics» le nouveau texte voté ne conditionne cette mesure qu’à des «raisons sérieuses de penser que son comportement constitue une menace pour la sécurité et l'ordre publics», soit une «formulation beaucoup plus large et floue».

Les personnes visées seront celles «qui ont appelé l'attention des services de police ou de renseignement par leur comportement ou leurs fréquentations, propos ou projets», une définition qui, selon la Quadrature du Net, laisse une marge d’interprétation très large, «non garantie par l’intervention d’un juge judiciaire». De plus, le lieu d’assignation n’aura pas toujours lieu «à résidence», mais dans un endroit déterminé par le Ministre de l’Intérieur. Ce qui pourrait, selon certaines propositions effectuées, être des «camps d’internement».

Le texte prévoit aussi de nouvelles prérogatives concernant la dissolution de groupes et d’association, une fois de plus régie par des principes à l’interprétation très large. Ainsi pourront être visées les organisations qui «participent à la commission d'actes portant une atteinte grave à l'ordre public, ou dont les activités facilitent cette commission ou y incitent».

La Quadrature du Net, qui, pris de cours par «ce vote en sur-urgence» ne peut plus que «documenter le désastre en espérant un sursaut proche», appelle «les citoyens à marquer leur désapprobation auprès de leurs représentants de manière très claire» afin que leurs libertés ne soient pas sacrifiées.

 Néanmoins, selon un sondage mené par Elabe, les français interrogés soutiendraient les mesures proposées par le gouvernement. 88% des sondés ont affirmé être favorables à la prolongation de l'état d'urgence et 87% à une révision de la Constitution destinée à créer un «régime civil d'état de crise».

Lire aussi : Valls : pour garantir la sécurité de la population, certaines «libertés pourront être limitées»