Pourquoi la Russie a des doutes sur la sincérité de F. Hollande? (20/11/2015)

Les russes sont lucides sur le bonhomme Hollande et sur ses réelles intentions quant à vouloir tout à coup, créer une large coalition avec les USA et la Russie !

Rajoutons l'affaire de l'Ukraine, celle de l'avion descendu par les Ukrainiens, les critiques pour l'annexion de la Crimée sur un référendum populaire, l'annulation de la vente des Mistrals, les sanctions toujours maintenues contre la Russie, les humiliations de faire sortir Poutine provisoirement du G7 ou G20, Poutine doit avoir une excellente mémoire et il doit attendre Hollande au tournant.

Pourquoi la Russie a des doutes sur la sincérité de F. Hollande?

vendredi 20 novembre 2015

Résultat de recherche d'images pour "виталий третьяков журналист"

V. Tretiakov, politologue

François Hollande, après les attentats de Paris, décide de faire deux visites. La première à Washington. La seconde à Moscou. Afin de permettre un front uni contre l'état islamique. Nous avons déjà montré en quoi cette alliance élargie est loin d'être facile et sa possibilité même se heurte à la réalité des intérêts géopolitiques divergents des deux grands joueurs (voir notre analyse ici).

Au-delà des difficultés déjà soulevées, la personnalité même de F. Hollande et la politique française laissent planer de sérieux doutes sur sa crédibilité en tant que nouvel allié stratégique de la Russie.

 Même si les médias français semblent très (trop) optimistes sur l'avenir d'une grande coalition démocratique à laquelle la Russie se serait enfin ralliée après les attentats de Paris, comme l'a très justement remarqué un lecteur, vu de Russie, la situation est beauc

oup plus complexe et parfaitement exprimée par Vitaly Tretiakov, politologue, doyen de l'école supérieure du journalisme télévisuel à l'Université d'Etat de Moscou (Lomonossov).

Voici son interview sur la chaîne national TV Tsentr du 18 novembre pour l'émission analytique "La 25e heure":

 
 
Les idées avancées sont simples et claires et on les retrouve sur sa page Facebook.
 
Tout d'abord, de Russie, le processus d'islamisation de l'Europe est devenu un "fait" difficilement contestable. Les pays européens, entendus de l'Union européenne car la Russie aussi est européenne même si elle ne fait pas partie de l'UE, ont renoncé à leurs racines chrétiennes. Par l'importance migratoire des populations de confession musulmane issues des anciennes colonies et avec les vagues migratoires récentes, ce renoncement créé un vide qui potentiellement peut être occupé par l'islam. 
 
Le conflit de civilisations lié à la religion arrive à un stade de conflit ouvert et débouche sur une forme de guerre. Dans ce cadre, la question se pose de savoir pourquoi les pays européens ne cherchent pas une plus grande coopération avec la Russie, l'allié naturel d'un point de vue culturel dans ce cas. La réponse est, pour V. Tretiakov, historique. Les pays d'Europe de l'ouest, la vieille Europe, ont toujours vu dans la Russie un concurrent sur le même continent. Il ne faut pas non plus oublier l'autre facteur, qui perdure, à savoir le complexe de supériorité qui gangrène les pays européens. Sûrs de leur supériorité culturelle, de leur bon droit, de la vérité inaltérable et indiscutable de leurs valeurs, ils ne supportent pas qu'un pays puisse choisir une autre voie. La Russie est donc souvent perçue comme un pays non civilisé.
 
Ainsi, les pays européens ne se retournent vers la Russie qu'en cas de véritables problèmes, lorsque leur existence est en jeu. Mais cela peut-il être pour autant conçu comme une alliance véritable, construite de principe de l'égalité de ses membres? L'on peut en douter. Car si les membres sont sur un pied d'égalité, ils doivent également partager les bénéfices politiques et économiques de la victoire, et cela l'Occident ne peut se le permettre.
 
En ce qui concerne plus particulièrement la France, il est significatif de voir arriver son Président non pas après le crash de l'airbus A321 en Egypte, mais après les attentats de Paris. Autrement dit, l'alliance qui se profile est une alliance dictées par les circonstances et non par un changement profond de politique intérieure. Il s'agit d'une alliance tactique et non stratégique.
 
D'autant plus que la France maintient les sanctions, ne remet pas en cause son choix de ne pas livrer les Mistrals. Bref, ne modifie en rien sa politique ni ses obédiences. Or, si la Russie est à ce point un pays dangereux pour ne pas lui livrer les navires militaires commandés et payés, pourquoi lui demander de l'aide, militaire justement ? Cette incohérence montre bien que la politique française n'a pas changé.
 
La Russie reste au minimum, pour la France, un concurrent, au pire un ennemi, donc les sanctions sont maintenues, mais en ce moment c'est un ennemi nécessaire et la real politik impose de collaborer avec elle. Ça ne va pas plus loin. Se pose alors avec insistance la question de la confiance que les autorités russes seront susceptibles d'accorder à F. Hollande. 
 
 

23:06 | Lien permanent | |  del.icio.us | |  Imprimer | Digg! Digg |  Facebook | | | | Pin it! |