Moscou et Kiev ont longtemps mené des négociations intenses sur la possibilité même de transmettre à la population de la région les produits les plus indispensables : des médicaments, de l'eau, des denrées alimentaires. Le ministre des Affaires étrangères de Russie Sergueï Lavrov a déclaré que des bâtons dans les roues ont été mis par des pays occidentaux :
« Les déclarations faites dans des capitales occidentales à propos de ce qui se passe dans le Sud-est de l'Ukraine ne cessent de nous étonner. Si ce qu'ils [les médias] disent est vrai, à savoir que trois dirigeants (américain, allemand et britannique) sont unanimes à estimer qu'aucune aide humanitaire n'est indispensable au Sud-est de l'Ukraine parce que toutes les mesures nécessaires sont d'ores et déjà prises, c'est une manifestation révoltante de cynisme. Je crois que les collègues occidentaux tentent ainsi de dénaturer les événements réels, de détourner l'attention des activités des autorités de Kiev qui visent à réprimer les gens qui n'ont pas accepté le coup d'Etat militaire de février 2014 perpétré en violation de toutes les valeurs européennes et de la Constitution de l'Ukraine ».
Moscou, soutenu par le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), est parvenu à convaincre Kiev de laisser passer un convoi humanitaire. 280 KAMAZ acheminant des tonnes de céréales, de sucre, d'aliments pour enfants, de médicaments, de sacs de couchage et de groupe électrogènes suivront un itinéraire concerté avec Kiev. Les habitants du Donbass privés d'électricité, d'eau courante, d'égouts, d'assistance médicale et même de toit suite à l'opération militaire des autorités ukrainiennes auront une chance de survivre dans des conditions inhumaines.
Cependant cette aide sera vaine si la catastrophe humanitaire dans la région est suivie d'une catastrophe écologique. Les militaires ukrainiens continuent de pilonner des localités. Des obus visent des quartiers résidentiels, mais aussi des entreprises industrielles, notamment des usines chimiques construites dans le Donbass à l'époque soviétique. En attendant, les tirs n'ont pas causé de dégâts importants et les incendies ont été vite maîtrisés. Cependant un seul impact suffit pour qu'une menace mortelle se propage à des centaines de kilomètres de distance de l'Est de l'Ukraine, affirme Pavel Brykov, secrétaire de presse de l'entreprise Stirol, qui produit des engrais chimiques, de l'ammoniac et des articles polymères :
« Un accident à Stirol provoquera une fuite dans l'usine chimique de Gorlovka où du chloronitrobenzène est stocké. Son rayon de contamination éventuelle est de 300 km. »
Cet agent toxique appartient à la deuxième classe de danger. Il pénètre dans le sang par les voies respiratoires et atteint aussitôt tous les organes, provoquant la mort.
Le président de la Ligue verte Sergueï Simak ajoute qu'un tuyau du plus grand conduit d'ammoniac au monde passe dans la région :
« Si l'on parle de l'ammoniac, c'est un composé qui, une fois dilué dans l'eau, produit de l'alcali caustique. Imaginez que vous respirez de l'alcali, que la pluie, le sol et l'eau sont alcalinisés. Dans des concentrations immenses. L'alcali en tant que tel est extrêmement toxique et inflammable. Etant donné qu'il s'agit d'un tuyau, un incendie puissant est possible dont les conséquences seront ressenties sur une grande superficie. »
Kiev ne réfléchit pas au danger auquel il expose non seulement la population du Sud-est de l'lUkraine, mais aussi celle des régions, voire des pays voisins. Ce sont les descendants qui devront payer le manque de bon sens : la contamination chimique du terrain peut avoir des incidences néfastes pour plusieurs générations à venir. /N
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