Une douche froide pour le gouvernement à dix jours des élections régionales: après un net repli en septembre, le chômage a connu en octobre sa plus forte hausse depuis 2013, avec 42.000 demandeurs d'emploi supplémentaires sans aucune activité, pour atteindre le niveau record de 3,59 millions. Le nombre d'inscrits à Pôle emploi, sans aucune activité (catégorie A), a bondi le mois dernier en France métropolitaine (+ 42.000, soit +1,2%). Il faut remonter à avril 2013 pour retrouver une telle montée du nombre de chômeurs dans cette catégorie.
Sur un an, le nombre d'inscrits à Pôle emploi sans activité a augmenté de 3,7%. En incluant l'outre-mer, il s'élève à 3,85 millions. La hausse est plus modérée si on prend en compte les demandeurs d'emploi exerçant une activité réduite (+13.100). Au total, 5,43 millions de personnes (sans aucune activité ou avec une activité réduite) sont inscrites en métropole, et 5,74 millions en France entière.
"Ces chiffres ne sont pas satisfaisants", a commenté la ministre du Travail, Myriam El Khomri, qui nuance cependant : "ils doivent être interprétés avec prudence car les résultats de ces derniers mois connaissent de fortes variations". A dix jours du premier tour des régionales, qui s'annoncent difficiles pour la majorité, la pilule est en effet d'autant plus amère pour le gouvernement qu'en septembre, le nombre de chômeurs avait connu un net recul (-23.800)... soit la plus forte baisse depuis la crise financière, fin 2007. "On a des chiffres mensuels d'autant plus volatils qu'on est en période de reprise", commente Bruno Ducoudré, de l'OFCE.
Beaucoup de contrats courts
Il y a donc des créations d'emplois, mais qui sont surtout des contrats courts (CDD, intérim) au terme desquels "on voit un basculement des gens inscrits en catégorie B et C (activité réduite) qui retournent en catégorie A (aucune activité)", explique-t-il. L'économiste souligne que sur l'ensemble de 2015, on assiste à un "ralentissement de la hausse du chômage", avec rythme mensuel du nombre de demandeurs d'emplois supplémentaires de l'ordre de 9.000, contre "15.000 en 2013-2014, et 24.000 en 2012".
Au ministère, on "espère que la baisse s'enclenchera en 2016". "Je ne peux pas vous dire quand nous aurons une baisse durable, mais ce que je peux dire, c'est que pour faire baisser le chômage, il faut deux préalables : la croissance et que l'économie crée de l'emploi. Et les deux préalables, ils sont là", a commenté Myriam El Khomri lors d'un point presse.
Selon Philippe Waechter, de Natixis, l'activité va effectivement "continuer de s'accélérer, l'emploi va continuer de croître et progressivement la courbe des inscrits à Pôle emploi va s'infléchir, en 2016 très probablement". Mais pour l'heure, la reprise de la croissance n'est "pas suffisamment forte pour absorber les gains de productivité et la hausse de la population active et donc, faire baisser le chômage", observe l'OFCE.
Chiffres "encourageants" pour les jeunes
La ministre a jugé "encourageants" les chiffres concernant les jeunes, dont le nombre d'inscrits en catégorie A est resté stable en octobre. Sur un an, il baisse de 2,9%. En revanche, celui des seniors bondit de 1,5% sur un mois, 9,2% sur un an. En un mois, le nombre de chômeurs de longue durée (plus d'un an), y compris ceux déclarant une activité réduite, a également progressé de 0,4%.
Pour Pierre Gattaz, président du Medef, "c'est une très mauvaise nouvelle, alors que notre pays traverse de graves événements", et "il est plus que jamais nécessaire de redresser notre économie pour faire face aux défis du terrorisme". La CGT réclame de son côté "une autre politique industrielle pour vraiment lutter contre le chômage".
Chez les Républicains, Eric Woerth, délégué général au projet du parti, a fustigé le "grand manque d'efficacité des actions". "La France ne pourra jamais vaincre le chômage de masse à coup d'emplois aidés financés sur de l'argent public", a réagi le député de l'Oise.
Le Front national juge enfin que "cette montée en flèche du chômage confirme l'arnaque des discours fabriqués par le gouvernement sur la prétendue reprise".
(Avec AFP)
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