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25/10/2015

Russie : Une puissance "régionale" redevenue superpuissance

Et les plus surpris ont été ?

Une puissance "régionale" redevenue superpuissance

Mikhail Gamandiy-Egorov
21:42 20.10.2015 (mis à jour 07:41 21.10.2015

La campagne antiterroriste russe en Syrie ont relancé sujet de la puissance militaire russe.

 

Qu’est-ce qui différencie une puissance régionale d’une puissance réellement globale? La différence principale est dans l’influence qu’elle renvoie. Une puissance dite régionale se caractérise donc par une influence limitée à sa région ou zone frontalière. Une puissance mondiale, globale ou superpuissance n’est pas limitée à une quelconque région.

 La Russie, en tant qu'héritière de la superpuissance qu'était l'URSS, a été reléguée (à tort ou à raison) durant la période ayant suivi l'éclatement de l'Union soviétique au rôle de puissance régionale, voire "d'ex-superpuissance devenue puissance pauvre" (termes employés dans mon collège et lycée français de l'époque). Il faut avouer que malgré certains aspects qui continuaient de caractériser la Russie comme une puissance globale, y compris durant la très difficile période de transition (l'une des principales puissances militaires, membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU,…), elle était effectivement bien loin de son potentiel véritable.

La Russie n'a commencé donc à retrouver ses véritables valeurs qu'à partir des années 2000. Tout ne s'est pas fait du jour au lendemain, le processus a pris du temps et se poursuit en ce moment encore. Néanmoins, tous les grands médias du monde, y compris du mainstream, finissent un par un par redonner à la Russie son statut de superpuissance, du New-York Times au Guardian, en passant par le Washington Post ou Der Spiegel.

Ce n'est de loin pas avec enthousiasme que les dits médias et certains autres avouent cette réalité. La note de russophobie y est toujours ambiante et le président russe critiqué, mais la grande différence entre les années sombres et celles d'aujourd'hui, c'est qu'on est passé de la moquerie pure et simple de tout ce qui caractérisait la Russie au respect avec mépris, voire au respect avec haine. L'arrogance typique est toujours là au sein des élites occidentales, mais cette même arrogance ne permet plus de dépasser certaines lignes. Et c'est tant mieux.

 Qu'est ce qui a donc tellement changé entre cette Russie post-soviétique des années 1990 et celle actuelle? Avant tout, le niveau de vie. Car les Russes ont beau être fiers de la politique extérieure de leur pays et de la puissance géopolitique retrouvée, sans une assiette pleine dans leur foyer, difficile de penser à l'extérieur. Et malgré tous les problèmes économiques que l'Occident annonçait d'un ton menaçant à la Russie, cette dernière a tenu bon et continue. Plus encore, la riposte russe aux sanctions décrétées unilatéralement par l'Occident a eu le résultat inverse de celui espéré par ses instigateurs: les citoyens russes se sont encore plus solidarisés avec leur gouvernement, président en tête, et au final l'Europe dans sa version bruxelloise, ayant bêtement suivi les ordres de Washington, a subi des pertes fort importantes en ce qui concerne ses intérêts économiques et commerciaux en Russie.

La Russie, au contraire, a lancé une large diversification de ses relations (on regrettera juste que cela n'ait pas été fait encore plus tôt), ce qui est également une caractéristique évidente d'une puissance mondiale: ne pas limiter ses relations aux voisins. L'intégration eurasiatique avec plusieurs anciens pays issus de l'URSS et d'autres est certes l'une des grandes priorités de la Russie actuelle: l'Union économique eurasiatique (Russie, Kazakhstan, Biélorussie, Arménie, Kirghizistan et d'autres à venir) en est la preuve. Mais cela ne s'arrête pas là. La Russie renforce son interaction avec l'alliance BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) et l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS). La Russie a plusieurs alliés importants en Amérique latine. L'Afrique ne fait pas exception: les pays ayant été les alliés de l'URSS durant la période de la décolonisation et de la guerre froide se préparent à un renforcement des relations. Plus encore, les pays n'ayant pas été du côté soviétique à cette époque, notamment certains pays d'Afrique francophone, regardent de plus en plus vers Moscou. Et bien sûr l'Asie, où, en plus des pays déjà cités, des relations intenses se développent avec tout un nombre de pays, y compris plusieurs puissances régionales: Iran, Vietnam, Indonésie,…

 La campagne antiterroriste russe en Syrie et les résultats positifs acquis par les forces de l'aviation militaire russe en coordination avec les forces de l'Armée arabe syrienne ont relancé un autre sujet lié au thème d'aujourd'hui, celui de la puissance militaire russe. Bien que la Russie, y compris après l'éclatement de l'URSS, ait toujours été considérée comme l'une des plus grandes puissances armées, ne serait-ce que grâce à son arsenal nucléaire, néanmoins les moqueries occidentales sur le manque de modernisation au sein de l'armée russe ne manquaient pas. Les succès très récents de l'aviation russe en Syrie et les lancements de missiles de croisière depuis la mer Caspienne ayant fait environ 1500 kilomètres de voyage pour éliminer toutes les cibles terroristes requises ont tout à coup rapidement fait chavirer les moqueurs habituels, aux USA comme ailleurs. Le média new-yorkais Business Insider a même consacré un article à ce sujet, affirmant que "l'armement russe est plus en avance que beaucoup ne le pensaient" et en ajoutant que les missiles de croisière russes sont capables de traverser 900 miles (1448, 41 kilomètres) de plus que leurs équivalents étasuniens. Vraisemblablement, il y a donc pas mal de choses que certains "partenaires" ignorent sur nous. Et c'est certainement ce qui caractérise aussi une superpuissance, pour reprendre le terme même de nos collègues du mainstream.

Bienvenue une fois encore, donc, à l'ère multipolaire où les peuples du monde auront de nouveau le libre choix de leurs alliés et partenaires. Toujours mieux d'avoir le choix, et encore mieux lorsque l'option est d'autant plus multiple.

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