Le phénomène a pris de court les scientifiques. La Terre, notre bonne vieille planète, prend de l’embonpoint. Depuis les observations des premiers satellites, on sait que notre sphéroïde terrestre n’est pas une sphère parfaite, mais qu’il est aplati aux pôles. Cette forme est causée pour l’essentiel par la force centrifuge due à la rotation de la Terre, qui tend à repousser vers l’équateur le magma présent sous la croûte terrestre. La différence est réduite : entre le diamètre terrestre mesuré à l’équateur, et le diamètre mesuré d’un pôle à l’autre, la différence est environ de 0,3%. Mais des observations récentes tendent à démontrer qu’elle s’accroît.
Plus étonnant encore : ce mouvement de déformation est tout récent. Il semble avoir débuté vers 1998. Il a été observé par deux scientifiques américains, Christopher Cox, du groupe Raytheon, et Benjamin Chao, de la NASA. Tous deux ont été stupéfaits par l’ampleur du mouvement. Des petites variations dans le tour de taille de notre planète avaient été constatées auparavant, et mesurées dès les années 80 ; mais elles montraient au contraire une très légère tendance de la Terre à devenir plus ronde, du fait de la fonte progressive des banquises au niveau des pôles. Commencée dès la fin de la dernière ère glaciaire, cette fonte a en effet pour résultat d’alléger les pôles de milliards de tonnes de glace. Depuis 1998 cependant, le mouvement s’est inversé ; la Terre "grossit" à l’équateur.
Pourquoi cette brusque inversion de tendance ? Les variations du champ magnétique terrestre pourraient peut-être fournir un indice. Elles sont provoquées par des mouvements du noyau terrestre, essentiellement constitué de fer liquide, dont la température est de 4 000 à 5 100°C. Or, de telles variations ont été observées en 1999 ; elles pourraient tout à fait avoir été provoquées par un déplacement de grandes masses de fer liquide des pôles vers l’équateur. Autre explication possible : un déplacement des courants marins pourrait avoir augmenté la masse des océans au niveau de l’équateur, accroissant l’impact des mouvements du noyau terrestre. Seule certitude, selon Christopher Cox : les activités humaines n’ont rien à voir avec cette prise d’embonpoint, qui est probablement passagère.
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