Équipe Futur Quantique on August 16, 2007
 
 
I. L’Arche d’Alliance et le Temple de Salomon 
 
Lorsque nous pensons à un dieu qui  “danse toute la nuit” dans le temple rond des Hyperboréens, nous nous tournons  tout naturellement vers l’événement le plus remarquable décrit dans la Bible ,  où l’on voit rien moins que le roi David danser en sous-vêtement devant l’Arche  d’Alliance… Remarquons que dans le portail nord de la cathédrale de Chartres se  trouve une statue représentant Melchisédech, “prêtre-roi de Salem” et la reine  de Saba. A égale distance ente eux deux se trouve l’Arche d’Alliance sur un  chariot. Melchisédech tient une coupe supposée être le Saint Graal. Dans la  coupe se trouve un objet cylindrique, en pierre.
 L’arche d’Alliance, cet objet des plus mystérieux et puissant était,  pensons-nous, la raison de la présence des Templiers à Jérusalem. Que  savons-nous réellement de l’Arche?
Lorsque j’ai commencé à étudier les questions qui me préoccupaient, à propos  de la religion, de la philosophie, etc., je ne me doutais absolument pas que  j’allais découvrir quelque chose d’aussi terrifiant et aux conséquences aussi  incalculables en ce qui concerne les religions en général et le monothéisme en  particulier! 
Et je vous demande de bien me comprendre et de ne pas penser que je préconise  le paganisme ou d’autres formes de cultes à des divinités ou images de  divinités. Je suis entièrement convaincue que la source de toute existence est  la conscience, et que cette conscience est fondamentalement ce que nous  pourrions appeler Dieu ou Esprit Divin. Ce qui me dérange c’est l’imposition  d’un monothéisme par tous ces groupes qui prétendent que leur version de ce  qu’est ou n’est pas Dieu est la seule correcte. Et un des résultats de ce  type de diktat est que le monothéisme judéo-chrétien a répandu le concept du  temps linéaire. 
Les gens lisent la Bible depuis deux mille ans. Elle a obtenu, dans notre  culture, un statut qu’aucun autre écrit n’a obtenu. Il y a plus d’exemplaires de  la Bible sur la surface de la Terre que d’aucun autre livre. Elle est citée (et  souvent mal cité) plus souvent que n’importe quel autre texte. Elle a été  traduite en plus de langues que n’importe quel autre ouvrage. Depuis ses  premières parutions, un nombre incalculable de gens l’ont lue, étudiée,  enseignée, admirée, discutée, aimée, ont vécu pour elle et sont morts pour elle.  C’est le document unique qui se trouve au cœur du judaïsme et du christianisme,  et cependant, le commun des mortels ne se pose jamais la question de savoir qui  l’a écrite. Les gens pensent qu’ils savent: elle a été divinement dictée,  révélée, ou inspirée.
 Nonobstant ce qu’en pense le commun des mortels, de nombreux chercheurs (le  plus souvent des théologiens) se penchent sur ces questions depuis environ mille  ans, quand ils ne sont pas brûlés sur le bûcher pour avoir osé poser la  question. Et, comme nous l’avons vu, la plupart de ces gens n’avaient recherché  qu’une communion plus étroite avec Dieu, en essayant de suivre le plus  fidèlement le texte original reçu “de la main de Dieu”.
 
 
                                                                                                 Lorsque nous étudions la littérature à l’école, il nous est recommandé de nous  documenter aussi sur la vie de l’auteur; ne serait-ce que dans le cadre des  oeuvres étudiées. Nous pouvons voir alors les liens significatifs entre la vie  de l’auteur et le monde qu’il décrit. En ce qui concerne la Bible, ces éléments  sont cruciaux. Néanmoins, le fait est que pour des choses aussi “sensibles” que  la religion et l’Histoire, nous nous trouvons immédiatement devant un problème. 
Le lecteur sait peut-être [1] que  pendant de nombreuses années j’ai été hypnothérapeute dans le cadre de ma  recherche de réponses dans “le monde de l’esprit”. Ce travail m’a donné une  perspective absolument unique, applicable à pratiquement toutes les branches  d’étude que j’ai suivies depuis. Ce que j’ai appris de plus important, à  l’époque, c’est que la plupart, sinon TOUTES les perspectives humaines sont  basées sur la pensée émotionnelle. Les émotions ont une curieuse tendance à  “structurer” et “colorer” tout ce que nous voyons, expérimentons, et mettons en  mémoire, de sorte que ce que nous pensons devient souvent matière à  “prendre ses désirs pour des réalités”. 
Le problème, en ce qui concerne la Bible et l’Histoire, c’est que les DONNEES  proviennent de domaines tellement différents: archéologie, paléontologie,  géologie, linguistique, etc. Et d’autre part nous avons l’Histoire et la  mythologie. Malheureusement, on peut les mettre dans le même sac car “ce sont  les vainqueurs qui écrivent l’Histoire”. Dans les situations difficiles, les  humains sont capables de commettre les actes les plus répréhensibles, mais par  la suite ils n’ont qu’une envie: les faire oublier et se présenter à la  postérité sous un éclairage avantageux.
Les textes les plus vieux de l’Ancien Testament en Hébreu, sont ceux trouvés  à Qumran et qui ne datent que d’un ou deux siècles avant Jésus Christ. La  version la plus ancienne avant cela est une traduction en Grec d’approximativement la même période. Le premier texte complet en  Hébreu ne date que du Xe siècle de l’ère chrétienne!  Cela signifie que la version en Hébreu est apparue juste avant la période où les  récits du Graal ont fait leur apparition. Il y a quelque chose qui cloche dans  le tableau!.
 Les analyses textuelles font généralement remonter à 1.000 ans av. J.C. une  toute petite partie de la Bible, et à environ 600 av. J.C. tout le restant. La  Bible telle que nous la connaissons est le résultat de nombreuses modifications  apportées au cours des siècles, et contient de si nombreuses contradictions que  nous n’avons pas la place ici pour en dresser la liste! Il y a des bibliothèques  entières de livres consacrés à ce sujet et je recommande au lecteur d’y jeter un  coup d’œil afin de pouvoir juger en connaissance de cause des choses que je vais  dire.
 En général les érudits “bibliques” donnent pour Abraham les dates de plus ou  moins 1800 – 1700 av. J.C. Ces mêmes érudits situent Moïse vers 1300 ou 1250 av.  J.C. Mais, si nous suivons le fil des générations telles qu’elles sont indiquées  dans la Bible, nous découvrons qu’il y a seulement sept générations entre et y  compris ces deux figures patriarcales! Quatre cents ans, c’est un peu long pour  sept générations. Si l’on considère qu’une génération équivaut à 35-40 ans,  Abraham se situe à environ 1550 av. J.C. et Moïse à environ 1300 av. J.C. Si  nous remontons jusqu’à Noé, en nous basant sur la liste des générations telle  que donnée par la Bible, nous arrivons à environ 2000-1900 av. J.C. – à peu près  l’époque de l’arrivée des Indo-Européens au Proche-Orient. Une fois encore,  quelque chose cloche dans le tableau!.
Se baser sur la Bible en tant que source historique présente bon nombre de  problèmes sérieux, tout particulièrement quand nous prenons en considération le  facteur “mythisation”. Le texte contient de nombreuses contradictions qui ne  peuvent être réconciliées, même pas par les contorsions mentales standard des  théologiens. A certains endroits, les événements sont décrits dans un certain  ordre, et plus loin la Bible dit qu’ils se sont déroulés dans un ordre  différent. A certains endroits la Bible dit qu’il y a deux de “quelque chose” et  plus loin elle dit qu’il y en a quatorze. Sur une page, la Bible dit que les  Moabites ont fait quelque chose, et quelques pages plus loin les Madianites ont  fait exactement la même chose. Il y a même un passage décrivant Moïse se rendant  au Tabernacle, avant même que Moïse ait bâti ce Tabernacle! (à mon avis, Moïse  était capable de voyager dans le temps!).
Dans le Pentateuque, d’autres problèmes se posent: cet ouvrage contient des  choses dont Moïse ne pouvait pas avoir connaissance s’il a vécu à l’époque où la  Bible prétend qu’il a vécu! Et en un passage Moïse dit quelque chose qu’il ne  peut pas avoir dit: le texte donne la description de la mort de Moïse, chose  dont Moïse lui-même est peu susceptible d’avoir été capable… Le texte dit aussi  que Moïse était l’homme le plus humble de la Terre! Eh bien, ainsi que l’a si  bien souligné un commentateur, il est très peu probable que l’homme le plus  humble de la Terre se désigne lui-même comme l’homme le plus humble de la Terre! 
C’est l’Inquisition qui a “pris soin” de ces problèmes pendant les deux  derniers millénaires, comme elle a “pris soin” aussi des Cathares et de tous  ceux qui ne “marchent pas droit”.
Pour les Juifs, les contradictions n’étaient pas des contradictions: elles  n’étaient que “d’apparentes contradictions”! Elles pouvaient toutes être  expliquées par des “interprétations” (je dois ajouter qu’en général, ces  interprétations étaient plus fantastiques encore que les contradictions  elles-mêmes). Moïse avait eu connaissance de choses qu’il ne pouvait avoir  connues, mais c’était un prophète! Les commentateurs bibliques du Moyen-Age,  comme par exemple Rashi et Nachmanidès, ont été TRES habiles à réconcilier  l’irréconciliable!
Au XIe siècle, un véritable empêcheur de tourner en rond, Isaac ibn Yashush,  médecin juif au service de la Cour de l’Espagne musulmane, mentionne le fait  troublant qu’une liste des rois Edomites, donnée au 36e chapitre de la Genèse,  donne le nom de quelques rois qui ont vécu longtemps après la mort de Moïse. Ibn  Yashush suggère l’évidence, c’est-à-dire que la liste a été dressée par  quelqu’un ayant vécu après Moïse. Résultat : on lui a donné le sobriquet d’  “Isaac le Gaffeur”.
Celui qui a immortalisé l’intelligent Isaac de cette façon peu obligeante est  un certain Abraham ibn Ezra, un rabbin vivant en Espagne au XIIe siècle. Mais  Ibn Ezra nous met devant un paradoxe, car lui aussi a remarqué qu’il y avait des  problèmes dans les textes de la Torah. Il fait allusion à plusieurs passages qui  paraissent ne pas être de la main de Moïse parce qu’ils se réfèrent à Moïse à la  troisième personne, utilisent des termes que Moïse ne peut avoir connus,  décrivent des endroits où Moïse ne peut avoir mis le pied, et utilisent une  langue appartenant à une autre époque et à un autre milieu que celui dans lequel  a vécu Moïse. Il écrit, très mystérieusement: “Et si vous comprenez, alors  vous reconnaîtrez la vérité Et celui qui comprend gardera le silence.“
Alors pourquoi a-t-il qualifié Ibn Yashush de “Gaffeur?”. Manifestement parce  que ce garçon n’avait pu s’empêcher d’ouvrir sa grande bouche et de dévoiler que  la Torah n’était pas ce qu’on essayait de faire croire, et qu’alors, des tas de  gens qui “étaient” entièrement plongés dans le mysticisme juif perdraient tout  intérêt à la chose. Et garder vivace l’intérêt des étudiants et aspirants au  pouvoir était vraiment un gros “business” à cette époque. En outre, tout le  mythe chrétien était basé sur la validité du Judaïsme, (puisqu’il était la  “Nouvelle Alliance”), et même s’il y avait un conflit apparent entre Juifs et  Chrétiens, les Chrétiens avaient désespérément besoin de valider le Judaïsme  et sa prétention à être la révélation au “peuple élu” du Seul Vrai Dieu.  Après tout, c’est sur cette base que Jésus était le Fils de Dieu!
 Au XIVe siècle, un étudiant du nom de Bonfils, vivant à Damas, écrivit un  ouvrage dans lequel il disait: “Et ceci est la preuve que ce verset a été  écrit plus tardivement dans la Torah et que ce n’est pas Moïse qui l’a écrite. Il ne niait même pas le caractère de “révélation” de la Torah, il faisait  simplement un commentaire raisonnable. Trois cents ans plus tard, son ouvrage  fut réimprimé …. sans son commentaire!
Au XVe siècle, Tostatus, Evêque d’Avila souligna également que les passages  décrivant la mort de Moïse ne pouvaient avoir été écrits par Moïse. S’efforçant  d’adoucir le coup, il ajouta qu’il existait une “vieille tradition” selon  laquelle c’est Josué, le successeur Moïse, qui avait écrit ce passage. Cent  années plus tard, Luther Carlstadt fit le commentaire que cela était  difficile à croire, car le compte rendu de la mort de Moïse était écrit dans le  même style que le texte qui précède ce compte rendu.
 Il est vrai que les choses ont commencé à être examinées de manière plus  critique à l’arrivée du protestantisme sur la scène du monde, et avec une  demande accrue pour le texte original. L’Inquisition et ses inséparables  “Majestés Catholiques” tentèrent, mais sans succès, de le garder dans leurs  griffes. Mais c’est parfois drôle, ce que la foi peut faire. Dans le cas qui  nous occupe, grâce à la montée de l’alphabétisation et à de nouvelles et  meilleures traductions des textes, “l’examen critique” aboutit à la décision que  le problème pouvait être résolu si l’on clamait haut et fort que c’était bien  Moïse qui avait écrit la Torah, mais que, oui, occasionnellement, certains  éditeurs avaient ajouté çà et là un mot, une phrase de leur cru!
Pfûûûûh! Heureuse de m’être bien tirée de ce mystère!
 Ce qui est vraiment amusant, c’est que l’un de ceux qui avaient mis cette  idée sur le tapis, qui voulait à tout prix conserver le statut de textus  receptus de la Bible, a été mis à l’Index par l’Eglise catholique  elle-même. Ses travaux furent mis sur la liste des “livres interdits!. ” On peut  dire que ces gens n’ont pas arrêté pas de se tirer dans le pied!
Enfin, après des centaines d’années passées à marcher sur la pointe des pieds  autour de ce problème délicat, certains exégètes ont affirmé que la plus grande  partie du Pentateuque n’avait pas été écrite par Moïse. Le premier à le clamer  fut Thomas Hobbes. Il fit remarquer que le texte déclare parfois que ceci ou  cela est ainsi à ce jour. Le problème est qu’un auteur décrivant une  situation ayant duré très longtemps ne la situerait pas “à ce  jour”.
 Isaac de la Peyrere, un Calviniste français, note que le premier verset du  Deutéronome dit: “Ce sont les paroles dites par Moïse aux enfants d’Israël de  l’autre côté du Jourdain”. Le problème est que ces paroles se référaient à des  personnes se trouvant de l’autre côté du Jourdain par rapport à l’auteur. Cela  signifie que ces paroles devaient avoir été prononcées par quelqu’un qui se  trouvait à l’OUEST du Jourdain quand il écrivait, quelqu’un qui explique ce que  Moïse a dit aux enfants d’Israël qui se trouvent à l’EST du Jourdain. Le  problème se corse quand on sait que Moïse n’a jamais mis le pied en Israël! 
L’ouvrage de La Peyrere fut banni et brûlé. Il fut lui-même arrêté et informé  qu’il ne serait relâché qu’à condition de se convertir au catholicisme et de se  rétracter. Apparemment, il savait que le silence est d’or. Considérant le nombré  élevé de fois que cela s’est produit, nous pouvons nous interroger sur la  “sainteté” d’un texte conservé à coups de menaces, de tortures et de bains de  sang.
 Un peu plus tard, Baruch Spinoza, le célèbre philosophe, publia une analyse  critique qui fit du bruit, c’est le moins que l’on puisse dire. Il affirmait que  les passages problématiques de la Bible n’étaient pas des cas isolés qui  pouvaient être escamotés un par un en les faisant passer pour des “insertions  par des éditeurs”, mais qu’il s’agissait à l’évidence “d’infiltrations” par une  tierce partie. Il fit également remarquer que dans le chapitre 34-10 du  Deutéronome il est dit: “Il ne s’est plus levé en Israël de prophète pareil à  Moïse, lui que Yahvé connaissait face à face.….” Spinoza suggéra, à  juste titre, que cela devaient être les paroles d’une personne ayant vécu  longtemps après Moïse et qui avait eu l’occasion de faire des comparaisons. Un  commentateur remarque aussi que ce ne sont pas les mots “du plus humble des  hommes sur la Terre!” [2] 
Spinoza vivait vraiment dangereusement, car il écrivit: “ […]Il est plus  apparent que le Soleil en plein midi que le Pentateuque n’a pas été écrit par  Moïse, mais bien par quelqu’un qui a vécu bien longtemps après Moïse.” [3] Spinoza avait déjà été exclu du Judaïsme, mais à présent il se trouvait  en position précaire vis-à-vis des Catholiques et des Protestants!  Naturellement, son livre fut mis à l’Index, et un tas d’édits furent lancés  contre son ouvrage. Il y eut même une tentative d’assassinat contre Spinoza! 
Richard Simon, un protestant converti et devenu prêtre catholique, entreprit  de réfuter Spinoza et écrivit un livre dans lequel il affirma que le Pentateuque  était fondamentalement de la main de Moïse, mais qu’il y avait eu “quelques  ajouts”. Mais ces ajouts avaient été inspirés par Dieu ou l’Esprit  Saint, de sorte que ceux qui les avaient faits avaient bien fait de  rassembler, réarranger et élaborer. Dieu avait toujours les choses en main,  donc.
 On pourrait croire que l’Eglise était à même de reconnaître ses défenseurs.  Eh bien, non, pas du tout! Simon fut attaqué et expulsé de son Ordre par ses  petits camarades catholiques. Quarante réfutations de son ouvrage furent écrites  par des protestants. Six exemplaires seulement survécurent aux autodafés. L’un  de ces exemplaires tomba dans les mains d’un certain John Hampden qui le  traduisit et se retrouva de ce fait, lui aussi, en terrain brûlant. Il “répudia  publiquement les opinions qu’il avait eues en commun avec Simon [...] en 1688,  probablement juste avant sa relaxe de la Tour.” [4]
Au XVIIIe siècle, trois exégètes indépendants se préoccupèrent du problème  des “doublets,” ou histoires qui sont racontées deux fois ou davantage dans la  Bible. Il y a deux récits différents de la création du monde. Il y a deux récits  différents de l’Alliance de Dieu avec Abraham. Il y a deux récits différents de  l’attribution du nom d’Isaac par Abraham à son fils. Deux histoires d’Abraham  assurant à un roi étranger que son épouse est sa sœur; deux histoires racontant  le voyage en Mésopotamie de Jacob, fils d’Isaac, deux histoires d’une révélation  faite à Jacob à Beth-El; deux histoires racontant que Dieu a changé le nom de  Jacob en celui d’Israël; deux histoires racontant que Moïse avait fait jaillir  de l’eau d’un rocher à Méribah, etc., etc.
Ceux qui ne voulaient pas revenir sur leur a priori selon lequel le  Pentateuque avait été écrit par Moïse, prétendirent que ces doublets étaient  toujours complémentaires et non pas répétitifs ou contradictoires. Ils ont dû  parfois aller chercher leurs idées vraiment loin pour pouvoir prétendre que ces  doublets étaient destinés à “nous enseigner quelque chose” et qu’ils n’étaient  “pas vraiment des contradictions”.
Mais cette explication ne tient pas la route: dans la plupart des cas, l’une  des versions du doublet fait référence à la divinité en l’appelant du nom divin  de Yahvé, et l’autre version y fait référence en la nommant simplement “Dieu” ou  “El”. C’est donc qu’il y a eu deux groupes de versions parallèles des mêmes  récits, et que chacun des groupes a presque toujours été conséquent avec  lui-même dans sa façon de nommer la divinité. Il n’y a pas que cela: d’autres  termes et traits particuliers apparaissent régulièrement dans l’une ou l’autre  version, ce qui démonte que quelqu’un s’est inspiré de deux sources  différentes de documents anciens, a “copié/collé” des passages et tenté d’en  faire un récit «cohérent »
 Bien sûr, on a pensé d’abord que l’une des deux sources avait été utilisée  par Moïse pour le récit de la création, et que le reste avait été écrit de sa  propre main! Mais par la suite, la conclusion a été que les deux sources  devaient provenir d’auteurs ayant vécu APRES Moïse. Moïse a graduellement été  éliminé en tant qu’auteur du Pentateuque!
L’idée de Simon, selon laquelle des scribes avaient rassemblé, arrangé et  élaboré sur base du textus receptus n’était donc pas mauvaise.
Je voudrais faire remarquer ici que cela ne s’est pas produit parce que  quelqu’un s’est soudainement écrié: ”Jetons la Bible aux orties!”. Non. Cela  s’est produit parce qu’il y avait des problèmes qui crevaient les yeux et que tous les chercheurs ayant travaillé sur ce document au fil des  siècles ont lutté de toutes leurs forces pour conserver à la Bible son statut de  textus receptus! La seule exception, que j’ai signalée d’ailleurs, dans  toute la chaîne des événements, est notre curieux Abraham ibn Ezra, qui ETAIT AU  COURANT des problèmes des textes de la Torah au XIIe siècle, et qui a enjoint le  silence à tous les autres! Vous souvenez-vous de ce qu’il a dit? “ Et si  vous comprenez, alors vous reconnaîtrez la vérité Et celui qui comprend gardera  le silence.” Et quel a été le résultat de ce silence? Plus de huit cents  années de croisades, d’Inquisition, de répression générale, et de nos jours les  guerres entre Israéliens et Palestiniens sous le prétexte qu’Israël est la Terre  Promise et qu’elle “appartient” aux Juifs. Ce qui nous mène à un autre événement  extrêmement effarant.
 Le grand érudit juif Rashi de Troyes, (1040-1105), a déclaré très carrément  que le récit de la Genèse qui remonte à la création du monde, a été écrit pour  justifier ce que nous appellerions actuellement un génocide. Le Dieu  d’Israël qui a donné la Terre Promise à son peuple devait être, sans équivoque,  suprême, de manière à ce que ni les Cananéens dépossédés, ni personne d’autre ne  pourrait jamais faire appel de ses décrets. [5] Rashi  écrit précisément que Dieu nous a fait le récit de la création et l’a inclus la  Torah “pour dire à ceux de son peuple qu’ils pouvaient donner une  réponse à ceux qui prétendaient que les Juifs avaient volé le pays à ses  habitants d’origine. Et cette réponse devait être: Dieu l’a fait et le leur a  donné, mais ensuite il le leur a repris pour nous le donner à nous. Puisqu’il  l’a fait, il lui appartient, et il peut le donner à qui il choisit de le  donner“.
Et nous voici devant un autre point intéressant: l’avènement d’ “un seul  dieu” ayant pré-éminence sur tous les autres est un acte de violence, quel que  soit l’aspect sous lequel on considère la chose. Dans The Curse of  Cain, Regina Schwartz parle de la relation entre monothéisme et  violence, posant en principe que le monothéisme lui-même est la racine de  la violence:
L’identité collective, qui résulte d’une convention du monothéisme, est  explicitement décrite dans la Bible comme une invention, une rupture radicale  avec la Nature. Un dieu transcendant s’immisce dans l’Histoire et exige du  peuple qu’IL constitue, qu’il obéisse à la loi qu’IL institue, et l’article premier et principal de cette loi est, bien sûr,  que (le peuple) lui promette allégeance à Lui et à Lui seul, car c’est cela qui  fera de ces hommes un peuple uni, à l’inverse des “autres”, et cela mène à la  violence. Dans l’Ancien Testament, un tas d’ “autres” peuples sont éliminés,  tandis que dans le Nouveau Testament des populations innombrables sont  colonisées et converties dans le cadre de tels pactes. [6] 
Schwartz émet également l’idée qu’un pacte de ce type est “temporaire”:  il est soumis à des conditions. “Croyez en moi et obéissez-moi, sans  quoi je vous détruirai”. On dirait qu’il n’y a pas le choix, n’est-ce pas? Et  c’est ainsi que l’on se trouve purement et simplement devant une Théophanie  nazie. Et non seulement cela, mais nous nous approchons de la source de l’idée  d’un temps linéaire.
 Pour en revenir à notre chaîne d’événements: au XIXe siècle, des  spécialistes des textes bibliques ont émis l’hypothèse que dans le Pentateuque  il n’y avait probablement pas deux sources majeures mais bien quatre.  Ils réalisèrent que les quatre premiers livres ne contenaient pas seulement des  doublets, mais aussi des triplets convergents pour certains éléments, divergents  pour d’autres, ce qui faisait penser qu’il y avait une source différente. Puis  ils réalisèrent que le Deutéronome était tout compte fait encore une autre  source. Et encore, qu’il n’y avait pas seulement le problème des  documents-source originaux mais encore celui du “mystérieux correcteur”. 
Et donc, après des années de souffrances, de bains de sang, et même de mises  à mort, l’on réalisa que quelqu’un avait “créé” la Bible en assemblant quatre  documents-source différents pour en faire une seule histoire “continue”. 
Après de longues analyses, il fut conclu que la plupart des lois et récits  contenus dans le Pentateuque ne dataient même pas du temps de Moïse. Et cela  signifiait qu’il n’avait pas pu être écrit du tout par Moïse. En outre,  l’écriture des différentes sources ne pouvait être le fait de personnes ayant  vécu au temps des rois et prophètes, mais était le produit d’auteurs ayant vécu  vers la fin de la période biblique!
 De nombreux exégètes ne purent supporter les résultats de leurs propres  travaux. Un exégète allemand, qui avait identifié la source du Deutéronome  s’était exclamé qu’une telle vue “accrochait les débuts de l’Histoire des  Hébreux non pas aux grandes créations de Moïse, mais bien à du rien venu de  nulle part”. D’autres exégètes réalisèrent que cela signifiait  que l’image de l’Israël biblique en tant que nation régie par des lois  basées sur des alliances abrahamiques et mosaïques était complètement fausse. Je suppose que le fait de réaliser cela a dû provoquer l’un ou l’autre  suicide; il est certain que cette conclusion a provoqué bien des désertions  individuelles. 
Une autre façon de présenter leurs conclusions est que la Bible se réclamait,  pour les 600 premières années d’Israël, d’une Histoire qui n’avait probablement  jamais existé. Tout cela n’était que mensonge. [7] 
Eh bien, ils n’ont pas été capables de supporter cela. Après avoir été  obligés pendant des années à croire en une proche “Fin des Temps”, avec Jéhovah  ou le Christ comme sauveur des Justes pendant ces terribles événements,  l’horreur de leur condition, l’idée qu’il n’y aurait peut-être pas de  “sauveur”” était trop dure à supporter. C’est alors qu’accourut la  cavalerie à la rescousse: Wellhausen (1844-1918).
 Wellhausen fit la synthèse de toutes les découvertes de manière à  préserver les systèmes de croyance des religieux érudits. Il amalgama  l’idée que la religion d’Israël s’était développée en trois étapes, avec l’idée  que les documents avaient aussi été écrits en trois étapes, puis il définit ces  étapes sur la base du contenu de chacune de ces “étapes”. Il se mit à la  recherche des caractéristiques de chaque étape, examinant la manière dont les  différents documents décrivaient la religion, le clergé, les sacrifices et les  lieux de culte, ainsi que les fêtes religieuses. Il examina les chapitres  relatifs aux lois et les chapitres narratifs, ainsi que les autres livres  constituant la Bible. Le résultat fut qu’il livra un “cadre crédible” au  développement de l’Histoire et de la religion des Juifs. La première étape  concernait la période “nature/fertilité”; la deuxième étape concernait la  période “spirituelle/éthique”; et la dernière concernait la période « de la  prêtrise/des lois ».
Comme le note Friedman: “A ce jour, si vous n’êtes pas d’accord, c’est avec  Wellhausen que vous n’êtes pas d’accord. Si vous voulez imposer un nouveau  modèle, il vous faut comparer ses mérites avec ceux du modèle de  Wellhausen.”
Je dois dire aussi que, même si Wellhausen a tenté de tirer les marrons du  feu au bénéfice du christianisme, il n’a pas été apprécié de son temps. Un  professeur d’Ancien Testament, William Robertson Smith, qui enseignait au Free  Church of Scotland College d’Aberdeen, l’éditeur de l’Encyclopedia  Britannica, dut comparaître devant l’Eglise sous l’inculpation  d’hérésie, pour avoir répandu les idées de Wellhausen. Il fut innocenté,  mais l’étiquette de “mauvais évêque” lui resta collée jusqu’à la fin de sa  vie.
 Néanmoins, l’exégèse de la Bible s’est poursuivie. Le Livre d’Isaïe est  traditionnellement attribué au prophète Isaïe qui a vécu au VIIIe siècle av.  J.C. Il se fait que le première moitié du livre est conforme à ce modèle. Mais  les chapitres 40 à 66 ont apparemment été écrits par quelqu’un qui a vécu  environ deux cents ans plus tard! Cela signifie, prophétiquement parlant, qu’ils  ont été écrits après les faits. 
De nouveaux outils et méthodes modernes ont permis de faire un vraiment bon  travail dans le domaine de l’analyse linguistique et de la chronologie du  matériel disponible. En outre, il s’est produit une véritable frénésie  archéologique depuis Wellhausen! Ce travail archéologique a produit une énorme  quantité d’informations sur l’Egypte, la Mésopotamie et d’autres régions  jouxtant Israël. Ces informations sont venues jusqu’à nous sous la forme de  tablettes d’argiles, d’inscriptions sur les murs de tombeaux, de temples et  d’habitations, et même sur des papyrus.
 Ici, un autre problème se pose: dans toutes les sources rassemblées, tant de  l’Egypte que de l’Asie occidentale, il n’y a pratiquement AUCUNE référence à  Israël, à son “peuple fameux”, à ses fondateurs, à ses associés bibliques, etc.  avant le douzième siècle av. J.C. Et en fait, pendant 400 ans après  cette période, on ne trouve pas plus d’une douzaine d’allusions. Et  leur contexte pose problème. Malgré cela, les juifs orthodoxes fondamentalistes  s’accrochent à ces lambeaux de références comme des noyés à des fétus de paille.  Bizarrement, les chrétiens fondamentalistes se sont tout simplement fermés à  toute l’affaire en recourant au simple expédient de l’obéissance à un onzième  commandement: “Tu ne poseras pas de questions!”. 
Le problème de l’absence de validation extérieure de l’existence d’Israël en  tant que nation souveraine dans la région de la Palestine trouve une  correspondance dans la Bible elle-même.La Bible ne fait état d’absolument aucune  connaissancede l’Egypte ou du Levant pendant le deuxième millénaire av. J.C. La  Bible ne dit rien de l’empire égyptien qui s’étend sur tout l’est de la  Méditerranée, (alors que c’était le cas); elle ne mentionne pas les grandes  armées égyptiennes en marche(alors qu’elles étaient bien là); et elle ne dit  rien des Hittites marchant à la rencontre des Egyptiens (ce qu’ils ont fait); et  en particulier, elle ne dit rien des roitelets égyptianisés qui régnaient sur  les cités canaanéennes (alors que c’était le cas).
La grande et désastreuse invasion des Peuples de la Mer au cours du second  millénaire av. J.C. n’est même pas mentionnée dans la Bible. En fait, la  Genèse décrit les Philistins comme déjà établis dans le pays de Canaan au temps  d’Abraham!
Les noms des grands rois égyptiens sont complètement absents de la Bible. A  certains endroits, des figures historiques qui n’étaient pas héroïques ont été  transformées par la Bible en héros, comme c’est le cas pour le Hyksos Sheshy  (Num. 13:22). Autre part, le sobriquet de Ramsès II est donné à un général  cananéen par erreur. Le pharaon Shabtaka devient, dans la Table des Nations de  la Genèse (10:7) une tribu nubienne!
Les erreurs en ce qui concerne l’Histoire et l’archéologie confirmées  s’empilent vertigineusement à mesure que l’on s’informe des époques et endroits  réels, de sorte que, de plus en plus, il nous vient à l’esprit que ceux qui ont  écrit la Bible doivent avoir vécu aux septième et sixième siècles av. J.C.,  ou plus tard, et en savaient très peu sur les événements qui s’étaient  produits seulement quelques générations avant eux! Donald B. Redford, Professeur  d’études proche-orientales à l’Université de Toronto, a publié de nombreux  ouvrages sur l’archéologie et l’égyptologie. En ce qui concerne l’utilisation de  la Bible en tant que source historique, il écrit: 
Car l’approche érudite standard de l’Histoire d’Israël au cours de la  Monarchie Unie revient à rien moins qu’une mauvaise crise de “vœux pieux”. Nous  avons ces glorieux narratifs dans les livres de Samuel et le Livre 1 des Rois,  si bien écrits et si ostensiblement factuels. Comme il est dommage que la  critique historique rigoureuse nous oblige à les rejeter et à ne pas les  utiliser. Poussons-les donc à servir– qu’avons-nous d’autre? – et que la charge  de la preuve retombe sur d’autres épaules. [8] […] 
Alors qu’il serait peu sage d’imputer des motifs crypto-fondamentalistes, la  mode actuelle qui consiste à prendre les sources pour argent comptant, comme des  documents écrits en grande partie à la Cour de Salomon, naît d’un désir peu  opportun de réhabiliter la foi et de la renforcer avec n’importe quel argument,  aussi fallacieux soit-il.[…]
Une telle ignorance est étonnante si l’on se laisse impressionner par les  prétentions traditionnelles à l’infaillibilité du christianisme conservateur par  rapport à la Bible. Et en effet, le Pentateuque et les livres historiques  présentent audacieusement une chronologie précise qui reporterait les récits  bibliques à la période même où l’ignorance et les contradictions se montrent les  plus embarrassantes. […] 
Une telle manipulation de l’évidence sent la prestidigitation et la  numérologie à plein nez; et cependant, elle a fourni les soubassements branlants  sur lesquels un déplorable nombre d’ “Histoires” d’Israël ont été écrites. La  plupart sont caractérisées par une sorte de naïve acceptation globale des  sources, doublée d’une incapacité à évaluer l’évidence quant à son origine et à  sa fiabilité. Le résultat en a été une réduction de toutes les données à un  niveau commun, le tout ayant apporté de l’eau à grand nombre de moulins. Les  exégètes ont consacré des efforts appréciables à tenter de répondre à des  questions dont ils n’ont pas pu prouver qu’elles étaient valables en aucune  manière. Sous quelle dynastie Joseph a-t-il accédé au pouvoir? Qui était le  Pharaon de l’Oppression? De l’Exode? Pouvons-nous identifier la princesse qui a  sauvé Moïse des eaux de la rivière? Par où les Israélites ont-ils opéré leur  sortie d’Egypte: via le Ouadi Tumilat ou en passant par un point plus au nord?  L’on peut apprécier la futilité de ces questions si l’on se pose des questions  semblables à propos des récits arthuriens sans soumettre le texte à une  évaluation critique préalable. Qui étaient les consuls de Rome lorsqu’Arthur  parvint à retirer l’épée de la pierre? Où est né Merlin? 
Pouvons-nous sérieusement envisager un historien classique se demandant si  c’est Iarbas ou Enée qui a été responsable du suicide de Didon, où exactement  Rémus a sauté au-dessus du mur, qu’est-ce qui est réellement arrivé à Romulus  pendant l’orage etc.? 
Dans tous ces cas imaginaires, rien du matériel qui est à l’origine des  questions n’a été soumis à l’évaluation préalable de sa réelle historicité! Et  tout exégète qui refuse de soumettre à l’évaluation critique quoi que ce soit de  ses sources, court le risque d’invalider tout ou partie de ses conclusions.[…] 
Trop souvent, le terme “Biblique” dans ce contexte a eu un effet réducteur  sur l’érudition en impliquant la validité de l’étude de la culture hébraïque et  de l’étude de l’Histoire effectuées séparément. Ce qui est nécessaire, c’est une  vue de l’ancien Israël dans son réel contexte Proche-Oriental, une vue qui  n’exagère ni ne diminue la vraie place d’Israël dans cet environnement. [9] 
Notez bien le commentaire de Redford: “Et tout exégète qui ne soumet pas à  l’évaluation critiquequoi que ce soit de ses sources court le risque d’invalider  tout ou partie de ses conclusions.[…].” 
Le sérieux de ce commentaire ne peut être ignoré. Voyez-vous, des millions de  gens sont morts à cause de ce livre et à cause des croyances de ceux qui  l’étudient. Et des millions meurent encore de nos jours pour les mêmes  raisons!
En fin de compte, si ceux qui lisent et/ou analysent ce livre et en  tirent certaines conclusions se trompent, et qu’ils imposent ensuite cette  croyance à des millions de gens, qui sont eux-mêmes poussés à créer une culture  et une réalité basées sur ces fausses croyances, et qu’en fin de compte ils ont  tort, qu’est-ce qui se passe, au Nom de Dieu? 
Le problème de l’utilisation de la Bible comme un manuel d’Histoire, est  l’absence de sources secondaires. Il y a une quantité considérable de documents  dans des bibliothèques, avant le dixième siècle av. J.C. – de l’eau apportée au  moulin des historiens- mais ces sources sont presque complètement silencieuses  vers la fin de la 20e dynastie en Egypte. Dès lors, la Bible, à peu près la  seule source à prétendre couvrir cette période particulière, devient très  attrayante. Peu importe si les pièces archéologiques ne s’adaptent pas tout à  fait au puzzle ou ne peuvent s’adapter qu’en faisant un grand nombre  d’hypothèses ou en se fermant l’esprit à d’autres possibilités. 
Mais, se pourrait-il qu’il y ait une RAISON à ce silence d’autres sources?  Voilà une bonne question à propos de “ce qui est.”
La personne qui utilise la Bible comme un manuel d’Histoire est forcée  d’admettre, quand toute émotion est retirée de l’image, qu’elle ne dispose  d’aucun moyen de vérifier la véracité historique des textes bibliques. Comme le  dit Donald Redford ci-dessus, les exégètes qui admettent, quand on les presse un  peu, que la critique historique rigoureuse nous force à rejeter les narrations  bibliques les utilisent tout de même en disant: “qu’avons-nous d’autre?”
Et moi aussi je demande: « pourquoi? »
 Nous savons que, par le passé, de nombreux ouvrages écrits sur la Bible  considérée comme historique ont été poussés par une motivation fondamentaliste à  confirmer la justesse religieuse de la civilisation occidentale.
De nos jours, ce facteur influence moins les études de la Bible Historique.  Néanmoins, il existe toujours une tendance à traiter ces sources comme  entièrement véridiques, par des gens qui devraient être mieux au fait de la  question! 
Je pourrais encore approfondir ici, mais je pense que tous ceux qui liront  ceci seront d’accord avec moi ou auront une idée de ce que je veux dire, même  s’ils ne sont pas d’accord. Mais la question se pose à nouveau: “Qui a écrit la  Bible et POURQUOI?” 
Revenons à cette curieuse affirmation de Rashi: que le récit de la Genèse  a été écrit pour justifier un génocide. Si nous rapprochons cela avec ce  qu’ écrit Umberto Eco dans son livre La recherche de la langue parfaite  dans la culture européenne ( Paris: Seuil, 1994), c’est-à-dire que la  validation de la Bible hébraïque a été soutenue par les premiers exégètes  chrétiens pour valider le judaïsme, qui lui était nécessaire pour “valider” le  christianisme en tant que “seule vraie religion”, nous commençons à avoir le  sentiment étrange que “nous avons été eus”. Parce que cela revient à dire que  nous sommes tous des “chrétiens” afin que les “droits” des Juifs, les décrets  sans appel de Jehovah/Yahvé, puissent être “hérités” par l’Eglise chrétienne  telle qu’elle a été instituée pour des raisons politiques par Constantin! Mais,  par le simple acte de validation du judaïsme et de “création” de la chrétienté  sous la forme d’une religion égyptienne, le monde occidental, dans sa soif de  pouvoir, a semble-t-il attrapé un tigre par la queue. 
Au cours de cette même période qui a vu naître le Nouveau Testament (ici  aussi par l’incorporation de textes anciens fondés sur des évidences internes  mais modifiés et “copiés/collés” sans vergogne), nous voyons le monde occidental  disparaître dans l’âge sombre à propos duquel, ici encore, très peu de sources  secondaires sont encore disponibles. 
Hééééé, mais! N’est-ce point étrange? ! L’Ancien Testament décrit un Age  Sombre, bien qu’il ait été écrit plusieurs centaines années après cette période;  et le Nouveau Testament décrit un Age Sombre, et il a également été écrit  plusieurs centaines d’années après cette période. Et tous deux contiennent  probablement certains récits véridiques, et même peut-être certains documents  authentiques. Mais en grande partie ils ont subi des modifications, corrections,  coupages/collages, embellissements et interpolations, pour les faire entrer dans  la perspective d’une certaine “politique”. 
Voyons-nous le plan ici? Quelle pourrait en être la raison? 
En fin de course, ce que nous observons, c’est la mise en place d’un  système draconien, monothéiste, et ce sur tout le globe. C’est de ce puits  qu’a été tirée notre société dans pratiquement tous ses aspects. Ce système  s’est arrogé le droit d’organiser les plus nombreux bains de sang de l’Histoire.  Quelle pourrait-en être la raison?
 Savoir qui a écrit la Bible, et quand, est crucial pour tous ceux qui  souhaitent être bien armés afin de prendre les bonnes décisions en matière de  foi et de croyances, décisions dont peuvent dépendre tous les aspects de  leur vie. 
Ainsi que nous l’avons découvert, ce qui a commencé comme une recherche de  réponses aux passages étrangement contradictoires du Pentateuque a débouché sur  l’hypothèse que ce n’est pas Moïse qui les a écrits. Nous avons ensuite  découvert que plusieurs sources largement divergentes avaient été combinées en  une seule, et que cela s’était produit à diverses époques et de manières  diverses. Chacune des sources est clairement identifiable par les  caractéristiques du langage adopté et du contenu. De nouvelles découvertes dans  le domaine de l’archéologie, et une meilleure vue du monde social et politique  de l’époque nous ont énormément aidés à comprendre l’environnement dans lequel  ce document a été écrit. Parce qu’en fin de compte, l’histoire de la Bible est  en fait celle des Juifs. 
Nous avons donc déjà noté que nous avons ici un livre qui est une combinaison  de plusieurs sources: J (Yahvé), E(lohim), D(eutéronome), P(rêtrise) et le  rédacteur final, qui a combiné le tout et ajouté sa touche personnelle. 
Il est supposé, sur base de signes probants, que la version E a été écrite  par un prêtre Lévite, partisan de la lignée mosaïque à Shiloh, et que la version  J a été écrite par un défenseur de la lignée aaronique et de la Maison royale de  David, à Jérusalem. La conclusion est que ces versions sont issues de sources  orales de mythes et légendes, parsemées çà et là de faits historiques,  après la séparation supposée des deux royaumes, et recombinées après la  conquête syrienne, sous le règne du roi Ezéchias. Cependant, il est très  probable qu’il n’y a jamais eu de royaume uni d’Israël en Palestine, mais que  ces histoires à propos d’un grand royaume sont en fait des souvenirs tribaux de  quelque chose de tout à fait différent. De quoi s’est-il agi? Nous espérons  pouvoir l’élucider. L’auteur de la version J est supposé avoir vécu entre 848 et  722 av. J.C., et l’auteur de la version E entre 922 et 722 av. J.C. Il se fait  donc que la version E est probablement le document le plus ancien et J doit  représenter soit une autre perspective, soit être le résultat de  modifications.
 Dans la Bible, l’histoire de l’unification des tribus d’Israël sous le règne  de David, suivie du grand règne de Salomon, suivi d’un schisme au cours du règne  du fils de Salomon: Réhoboam, est le thème central. “L’espoir d’ Israël” est  basé sur l’idée de la réunification du royaume de Juda et Israël sous l’autorité  d’un roi davidique. Et bien sûr, tout ceci est basé sur le don du pays aux  Enfants d’Israël, promis quand ils ont été “menés hors d’Egypte” par la main de  Dieu, pendant l’Exode pour commencer.
Moïse représente le chef inspiré par Dieu, qui révèle à la nation le Dieu des  patriarches en tant que “Divinité Universelle”. Est-ce que le témoignage par les  fouilles soutient l’Exode de part et d’autre de l’histoire? 
Le récit de l’Exode explique comment une nation en esclavage devient grande  dans l’ exil et, avec l’aide du Dieu Universel, réclame sa liberté à ce qui  était alors la plus grande nation de la Terre.
Images puissantes, n’est-ce pas? Oui, en vérité; et cette histoire de  libération est tellement importante que quatre cinquièmes des Ecritures  principales d’Israël y sont consacrés. 
Mais le fait est que deux cents ans d’excavations intensives et d’étude  assidue des vestiges de l’Egypte ancienne et de la Palestine n’ont rien révélé  qui puisse venir à l’appui du récit de l’Exode dans le contexte où il est  présenté. [10] 
Pt. II: La Maison  de David
 
Traduction française: Micheline Deschneider 
[1] Voir:: St. Petersburg Times Magazine, section 13 février  2000: article de 20 pages sur mon travail en tant qu’hypnothérapeute et  exorciste, par Thomas French (Prix Pulitzer) – en anglais,.
[2] Friedman, Richard Elliot, Who Wrote the  Bible, 1987; Harper & Row, New York.
[3] Cité par Friedman.
[4] Ibid.
[5] Ashe, Geoffrey, The Book of  Prophecy, 1999, Blandford, London; p. 27
[6] Schwartz, Regina M., The Curse of  Cain, 1997, The University of Chicago Press, Chicago.
[7] Bien sûr, maintenant le lecteur a réalisé que ce n’est pas un  “mensonge” à proprement parler. C’est seulement un compte rendu hautement  mythifié des actions de certains dans un certain contexte historique. Mais après  cette mythisation et l’imposition d’une foi en un mythe qualifié de “réalité”,  ainsi qu’après le passage de deux mille années, il est pour le moins  problématique de dire avec certitude qui était qui et qui a fait quoi.
[8] Ibid. p. 301.
[9] Redford, Donald B., Egypt, Canaan, and Israel in  Ancient Times, 1992, Princeton University Press, Princeton.
[10] Ibid.
http://www.futurquantique.org/?p=130#_ftn5
                                                
                                             
                                        
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