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17/02/2010

Le risque d'une rechute économique se précise

La seconde vague de crise financière prévue est en cours !

A-t-on cru à tort, ou trop tôt, au retour de la croissance mondiale ? Les dernières statistiques de la zone euro ont fait l'effet d'une douche froide. Au quatrième trimestre 2009, l'économie européenne n'a augmenté que de 0,1 %. Pour les économistes de Natixis, une "interruption de la reprise" avec un gel du commerce mondial, au premier trimestre n'est pas impossible. Autrement dit le scénario d'une reprise en "W" pourrait se concrétiser.

Cette rechute est d'autant plus vraisemblable que "l'on arrive à la limite des politiques de relance keynésiennes par les déficits publics", observe Sylvain Broyer, économiste chez Natixis. La grave dérive budgétaire de la Grèce a en effet révélé la menace que fait planer l'endettement démesuré de certains pays.

A ce jour, 2 900 milliards de dollars (2 122 milliards d'euros) d'argent public ont été dépensés dans le monde pour relancer les économies. Selon le Fonds monétaire international (FMI) la dette moyenne des pays du G20 devait passer de 99 % du Produit intérieur brut (PIB) en 2009, à 107 % en 2010 et 118 % en 2014.

"Les marchés jugent avec inquiétude la solvabilité des Etats qui ont sauvé l'économie privée mais au détriment d'un endettement public colossal", note l'économiste Philippe Brossard, président de Macrorama. Les menaces s'accumulent tandis que les marges de manoeuvre se réduisent.

La mise en oeuvre de politiques de rigueur. Sous la pression des marchés et des agences de notation, les gouvernements se voient contraints d'annoncer des mesures d'austérité, au risque d'hypothéquer une reprise déjà fragile.

"La situation est ingérable", juge Henri Sterdyniak, de l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE). Selon l'économiste, un plan de rigueur fondé sur des hausses d'impôts et des réductions de dépenses représentant 1 % du PIB, "c'est 1 point de croissance en moins".

Une politique restrictive risque en effet de faire chuter la demande et "d'engendrer une longue période de croissance médiocre", affirme M. Sterdyniak. Le FMI a d'ailleurs mis en garde les Etats contre un arrêt trop rapide des stimuli qui pourrait faire replonger l'économie. En outre, une politique d'austérité contribue, en ralentissant la croissance, à diminuer les recettes fiscales, censées renflouer les caisses des Etats.

Le danger d'un krach obligataire. Pour sauver les banques, soutenir la croissance, aider les ménages et les entreprises, les Etats se sont endettés. Et pour s'endetter, ils ont massivement emprunté sur les marchés. Selon l'agence de notation financière Moody's, la dette souveraine mondiale a atteint, en 2009, 49 500 milliards de dollars. Plus de trois fois le PIB américain !

Ces titres de dette, considérés comme une valeur refuge, ont d'abord été plébiscités par les investisseurs. Mais avec la crise de la Grèce, après celle de Dubaï, "le marché a pris conscience que le défaut d'un Etat était chose possible", indique Jean-François Robin, spécialiste du marché de taux chez Natixis.

Pour les plus pessimistes, cette défiance pourrait se propager à d'autres pays jusqu'à provoquer "un choc de confiance", indique Anton Brender, économiste chez Dexia AM. Autrement dit un krach obligataire, qui se traduirait par l'envolée des taux d'intérêt des emprunts souverains.

Si peu d'experts vont jusqu'à valider ce scénario extrême, les tensions sur le marché obligataire ne sont pas sans conséquences pour le financement de l'économie. La hausse des taux des emprunts d'Etat se répercute sur le marché des emprunts privés et grippe ainsi un accès aux crédits pour les entreprises. Une consommation déprimée. Maintien d'un chômage élevé, remontée des prix du pétrole, épargne de précaution, et surtout, retrait des dispositifs de relance : la consommation privée, artificiellement dopée en 2009 via des baisses d'impôts ou des mesures exceptionnelles comme la prime à la casse, devrait marquer le pas en 2010. La crise de la dette grecque n'a fait que raviver les inquiétudes des ménages qui redoutent les hausses d'impôts inévitables pour combler les déficits publics.

"Il faudra peut-être attendre deux ans avant de voir une reprise spontanée de la demande intérieure", prédisent les économistes de Natixis qui pointent le "risque d'un "trou" après le retrait des politiques économiques stimulantes". Le spectre de l'inflation. Après des mois de baisse des prix, la désinflation devrait s'interrompre en 2010, sous l'effet, notamment, de la remontée des prix du pétrole. Pour les pays occidentaux, il ne s'agirait toutefois pas d'une mauvaise nouvelle. Car l'inflation est une aubaine pour les emprunteurs, comme les Etats : elle permet mécaniquement de réduire la facture de leur dette. Le FMI a d'ailleurs suggéré aux banques centrales d'être moins orthodoxes et de relever leur objectif d'inflation.

Du fait d'une croissance molle, l'inflation en Europe ou aux Etats-Unis, devrait de toute façon rester contenue. En revanche, un emballement des prix n'est pas impossible dans les pays émergents. Pour éviter la surchauffe de leurs économies les Etats pourraient alors freiner leur expansion "et casser la reprise mondiale. C'est cela la vraie menace", estime Michel Didier, économiste chez COE-Rexecode.

Claire Gatinois et Marie de Vergès

http://www.lemonde.fr/economie/article/2010/02/16/le-risq...

10:51 Publié dans Crise Financière & Mondiale | Lien permanent | |  del.icio.us | |  Imprimer | Digg! Digg |  Facebook | | | | Pin it! |

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