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09/01/2010

Philippe Séguin, un poil à gratter pour Nicolas Sarkozy

COUR DES COMPTES

Philippe Séguin, un poil à gratter pour Nicolas Sarkozy

NOUVELOBS.COM | 08.01.2010 | 18:12

Les deux hommes s'estimaient. Et pourtant, le président de la Cour des comptes n'aura pas épargné le chef de l'Etat : affaire des sondages de l'Elysée, coût de la présidence française de l'UE, inutilité de la baisse de la TVA dans la restauration... Florilège.

Philippe Séguin remet un rapport à Nicolas Sarkozy, en février 2008 (Sipa)

Philippe Séguin remet un rapport à Nicolas Sarkozy, en février 2008 (Sipa)

Quand Philippe Séguin prend la tête de la Cour des comptes, en 2004, la gauche proteste: Jacques Chirac "recycle les anciens dignitaires du RPR", estime ainsi François Hollande. Et pourtant, en cinq années, Philippe Séguin aura démontré son indépendance, multipliant des rapports souvent sévères pour ses anciens amis politiques.

Tout juste élu président de la République, Nicolas Sarkozy accepte de faire contrôler le budget de l'Elysée - une première. Philippe Séguin s'acquitte de sa nouvelle tâche avec conscience. Pendant l'été 2009, le chef de l'Etat doit ainsi
rembourser 14.123 euros de dépenses privées, payées indûment par la présidence de la République.

Sus aux "dérives" !


Surtout, la Cour des comptes révèle l'affaire des sondages de l'Elysée: des enquêtes de l'institut Opinionway, payés par la présidence de la République, ont été publiées par Le Figaro et LCI.

En octobre dernier, c'est le coût de la présidence française de l'Union européenne qui émeut la Cour des comptes. "Il y a eu un certain nombre de dérives et un certain nombre d'erreurs", déclare Philippe Séguin. Le rapport de la Cour des comptes s'alarme du faste du dîner du 13 juillet 2008, pour le sommet de l'Union pour la Méditerranée, qui a représenté "un total de
1.072.437 euros pour 200 personnes, soit 5.362 euros par invité".

La Cour des comptes ne manie pas non plus la langue de bois lorsqu'une politique lui paraît inutilement coûteuse. Sur la baisse de la TVA dans la restauration par exemple, Philippe Séguin se dit "réservé sur le respect des engagements d'embauche et de baisse des prix" formulés par les restaurateurs, qualifiant d'"optimiste" l'objectif de 40.000 créations d'emploi. "Seuls
6.000 emplois pourraient être créés à long terme", estime la Cour des comptes, ajoutant que "l'utilisation des taux réduits de TVA pour stimuler l'emploi est contestée, et son effet sur l'emploi mal documenté".

La Cour des comptes critique également, en septembre 2008, les exonérations de cotisation de la Sécurité sociale et le "
caractère irréaliste" des prévisions de dépense de santé.

Bien sûr, c'est surtout l'envolée des déficits publics qui inquiète les sages. Depuis deux ans, les avertissements se multiplient, crise économique oblige. Ainsi, le 11 mars 2009, Philippe Séguin s'alarme du niveau de la dette publique qui "
s'approche des 80%" du produit intérieur brut (PIB). Déjà, quelques mois plus tôt, il exprimait ses doutes face aux promesses du gouvernement de résorber les déficits : "Nous avons déjà dit que l'objectif de résorption du déficit en 2012 nous semblait ambitieux. Celui de 2014 est très ambitieux également", commente-t-il.
Même inquiétude face à la dérive des déficits sociaux qui pourraient bientôt "constituer de l'ordre de
10% des flux annuels".
Du coup, le président de la Cour des comptes n'hésite pas à prédire une
augmentation des impôts ou de l'inflation.

Séguin ministre ?


Et pourtant, Philippe Séguin et Nicolas Sarkozy s'entendaient bien. C'est d'ailleurs sur proposition de Nicolas Sarkozy, qui était alors ministre de l'Economie, que Philippe Séguin a été nommé en 2004. Les deux hommes soutenaient Jacques Chirac dans les années 1980. S'ils se sont affrontés lors de la présidentielle de 1995 - Nicolas Sarkozy choisissant Edouard Balladur - leur réconciliation est spectaculaire : en 1997, Philippe Séguin s'empare du RPR et fait de Nicolas Sarkozy son numéro 2, mettant fin à une brève traversée du désert pour l'actuel chef de l'Etat.
Depuis 2007, Philippe Séguin a été plusieurs fois pressenti par la rumeur pour entrer au gouvernement. En mars 2009, il refuse
en ces termes : "J'ai mon caractère, mes convictions, un souci d'indépendance que mon passage à la Cour a plutôt exacerbés".

Baptiste Legrand - Nouvelobs.com
http://tempsreel.nouvelobs.com/actualites/politique/20100107.OBS2976/philippe_seguin_un_poil_a_gratter_pour_nicolas_sarkozy.html

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