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29/06/2009

Israël et la guerre pour l'eau !

Suite à notre précédent article: "Que recherche Israël au Liban ?", l'un de nos abonnés à la Newsletter que nous remercions, nous a répondu :

L'EAU !

Nous avons effectué quelques recherches sur ce sujet dont nous vous livrons ici quelques articles intéressants.

Ce qui nous interpelle encore, c'est le silence de la presse française et occidentale sur ce qui se trame actuellement aux frontières du Liban, voire au Liban, après les manoeuvres militaires organisées par Israël aux frontières du Liban, et la violation de l'espace aérien libanais par les mirages de l'armée israélienne. La censure bat son plein !

SILENCE ON TUE POUR L'EAU entre-autres richesses à exploiter !

LA GUERRE POUR L'EAU !

L'eau, une des priorités d'Israël.

Israël a vu le jour en 1948. Depuis sa naissance, l’Etat est au cœur de nombreux conflits dans la région.

La Guerre des Six Jours

Pour contrer l’aridité de son territoire, Israël cherche à récupérer un maximum d’eau, provenant notamment des fleuves frontaliers. En 1953, Israël décide d’assécher le lac Houleh pour s’assurer la totalité du débit du Jourdain. Débute ainsi la construction d’un canal, le futur Aqueduc national destiné à transporter l'eau du Jourdain vers les terres agricoles du Sud et du Néguev. Ce geste provoque une levée de boucliers dans le monde arabe, qui dépend lui aussi beaucoup du fleuve biblique.

Devant les tensions naissantes, les Etats-Unis interviennent en dépêchant Eric Johnston dans la région afin d’y présenter un plan de partage des eaux du Jourdain. Le plan Johnston, bien qu’il soit admis comme référence actuellement, n’a jamais été adopté par les différentes parties. Le puissant lobby agricole israélien a refusé tout compromis, de même que les Etats arabes pour qui cela équivalait indirectement à reconnaître l'Etat israélien.

Malgré les pressions internationales, Israël poursuit la construction de l’Aqueduc national. En contrepartie, les pays arabes voisins (la Syrie, le Liban et la Jordanie) décident en 1964 de détourner le Jourdain à leur profit exclusif et de s’approprier les ressources du Hasbani, du Banias et du Yarmouk qui alimentent le cours du fleuve biblique.
Israël réplique manu militari en bombardant plusieurs barrages et infrastructures de déviation de l’eau en menacant d’une opération de plus grande envergure. Si le Liban cède immédiatement, la Syrie ne s’inclinera qu’en 1967.
Israël ressort grand vainqueur puisqu’il annexe des territoires hydrologiquement stratégiques : le plateau du Golan et les nappes de Cisjordanie.

Le Golan et les territoires palestiniens occupés

Le plateau du Golan fournit 770 millions de mètres cubes d’eau par an à Israël, soit un tiers de sa consommation annuelle. La Syrie refuse de reconnaître l’annexion de ce territoire par Israël en 1967 et axe sa politique hydraulique sur les bases du plan Johnston.
Les eaux de Cisjordanie sont donc âprement disputées par la Syrie qui contrôle en amont le Yarmouk, par Israël et par les Palestiniens. Ceux-ci revendiquent leur droit d’ancienneté vis-à-vis des Israéliens. Toutefois, ces derniers répliquent en arguant qu’ils ont développé nombre de structures hydrauliques et qu’ils ont permis aux Palestiniens d’accéder à d’autres ressources en eau situées sur le territoire israélien.

L’eau du plateau du Golan et de Cisjordanie est aujourd’hui entièrement contrôlée par les Israéliens, via leur compagnie nationale de l’eau Mekorot. Cette entreprise israélienne gère tous les aménagements hydrauliques y compris ceux des territoires occupés. Sa politique favorise les installations israéliennes, et tend à négliger les puits palestiniens qui auraient pourtant besoin de profondes rénovations. Ce contrôle menace directement les palestiniens qui sont soumis au bon vouloir d’Israël quant aux livraisons d’eau. Celles-ci peuvent être perturbées voire coupées en fonction des tensions politiques.

En 1967, les Israéliens ont drastiquement limité la consommation d’eau des Palestiniens, imposant un rationnement, refusant la construction de nouvelles installations palestiniennes et annexant les puits existants au profit des colons. Depuis, certains assouplissements ont amélioré d’anciennes infrastructures mais le contrôle de l’eau s’avère tout aussi ténu qu’au sortir de la guerre. Ainsi les colons israéliens reçoivent près de 30% de l’eau des territoires occupés alors qu’ils ne constituent que 6% de la population. De même, le prix de l’eau favoriserait les colons. La tarification serait basée sur le niveau de vie des Israéliens. Toutefois, la plupart des Palestiniens ne paient pas leur facture, faute de revenus suffisants.
La situation dans la bande de Gaza est encore plus dramatique, l’eau y étant bien plus rare que dans les collines cisjordaniennes. Cette eau se caractérise par sa très forte salinité due aux surpompages des nappes dont Israéliens et Palestiniens s’accusent mutuellement d’être responsables.

Le Liban

Le château d’eau libanais attire Israël qui souhaiterait pouvoir pomper davantage dans les eaux du Litani et du Wazzani.
Ainsi, en 1978, Israël déclenche l’opération « Litani » contre le Liban suivie quelques années plus tard par l’opération « paix en Galilée ». Le but officiel est de repousser vers le nord les Palestiniens de l’OLP, toutefois la création d’une zone de sécurité dans le Sud Liban où coulent les deux fleuves laisse libre cours aux rumeurs libanaises. Des scientifiques ont démontré une diminution du débit du Litani dans la zone contrôlée par les Israéliens qui ont nié les accusations libanaises de détournement d’eau via des canalisations souterraines mais ont avoué avoir pompé une grande partie des eaux de la rivière Ouasani.

Par ailleurs, les fermes de Chebaa constituent une autre source d’intérêt israélien pour le Liban. Ces fermes sont situées sur les flancs du mont Hermon et surplombent un important réservoir d’eau. Lors du retrait de Tsahal, les Israéliens ont tenté de s’approprier cette région qui leur assurait le contrôle de deux sources contribuant à l’alimentation du Banias, du Dan et du Wazzani, dont les eaux se jettent dans le Jourdain. De même, la nappe aquifère du mont Hermon est très convoitée, la qualité de ses eaux favorise le refroidissement et le dessalement du lac de Tibériade. Enfin, grâce à la proximité entre ce mont et le plateau du Golan l'armée israélienne peut surveiller et protéger son infrastructure militaire au Golan.

Récemment, les libanais et plus particulièrement le Hezbollah ont mené à bien des projets de détournement des eaux du Hasbani et du Wazzani au profit des habitants de la région. Ainsi, une station de pompage a été construite et inaugurée en 2003. Ces installations sont assez préoccupantes pour Israël qui menace de les détruire militairement s’il le faut.

La Jordanie

En 1994, la Jordanie et Israël ont signé un traité de paix qui détermine entre autre le partage des eaux du Jourdain.
Durant l'été, Israël a le droit d'utiliser 12 millions de m3 des eaux du Yarmouk et 13 millions durant l'hiver. En contrepartie, Israël s'engage à fournir 50 millions de m3/an à la Jordanie d'eau potable supplémentaire, dont 20 millions seront fournis par un stock réservé dans le lac de Tibériade (Article 1, annexe II).
Suite à ce traité, le royaume Hachémite et l’Etat Hébreu se sont entendus sur l’aménagement de la vallée du Jourdain et développent des projets communs de dessalement, de canalisations et de réutilisation de l’eau en faveur de l’agriculture notamment.
Toutefois, l’application du traité est menacée par la baisse des eaux du lac de Tibériade. Cette baisse est due en partie à l’exploitation syrienne du Yarmouk qui alimente le lac. La Syrie ne respecte pas le plan Johnston de partage des eaux du Yarmouk ; elle cherche à s’approprier au maximum le fleuve pour sa consommation personnelle mais aussi pour limiter celle de son voisin israélien.
Ainsi, elle s’est alliée à la Jordanie pour construire un barrage sur le Yarmouk, le barrage al-Wahdah. Cependant, Israël bénéficie de moyens de pression vis-à-vis de la Jordanie grâce au traité de 1994 mais aussi vis-à-vis de la Syrie. En effet, Israël pourrait négocier son retrait du Golan syrien en exigeant le renoncement au projet al-Wahdah.
Le territoire aride d’Israël conduit l’Etat Hébreu à chercher de l’eau chez ses voisins arabes.
Qu’il s’agisse du Jourdain ou des fleuves qui l’alimentent, l’eau devient un bien de plus en plus rare et précieux que convoitent tous les pays de la région.
Les tensions générées explosent parfois en conflits violents entre Israël, la Syrie, la Jordanie ou le Liban. Si la géopolitique compliquée de cette région du monde ne dépend pas exclusivement des ressources en eau, celles-ci sous-tendent toujours les négociations de paix entre les pays riverains.

Sources : Christian CHESNOT (Pénurie d’eau au Proche-Orient) - Henry LAURENS (Le Moyen-Orient au XX. siècle)
 

L'eau du Liban, source de toutes les convoitises

Transmis par : GILLES LABARTHE, DE RETOUR DU LIBAN Actif 24 Mai 2004 - 23:00
International [3]
PROCHE-ORIENT - Après les guerres du pétrole, les guerres pour l'eau? La gestion de l'or bleu provoque déjà de nombreuses rivalités au Proche-Orient, concernant la captation et le détournement des eaux du Tigre, de l'Euphrate, du Jourdain ou du Nil. Turquie, Syrie, Irak, Egypte et Soudan bataillent aujourd'hui pour s'assurer des ressources stratégiques. Le Liban, véritable château d'eau régional, n'est pas épargné par le phénomène. Retour sur une longue polémique qui l'oppose à Israël. Pour échapper au stress de la capitale, les habitants de Beyrouth qui en ont le temps et les moyens aiment se rendre à Zahlé, petite ville nichée sur le versant est du Mont-Liban. Propice à la villégiature, Zahlé possède quelques bons restaurants dont les terrasses ombragées permettent de grignoter de délicieux mezzé, tout en regardant couler les eaux tranquilles de la rivière. En conduisant une heure plus au Sud, on traverse les riches vergers et les vignobles réputés de Ksara et de Kefraya.

PARADIS SUR TERRE

Une promenade à travers la réserve naturelle verdoyante de Haamiq contribuera à donner de cette plaine fertile et bien irriguée de la Bekaa une impression de paradis sur terre. Le calme y est assuré. Mais dès l'approche du lac artificiel de Qaraoun, retenant les eaux du Litani, la présence marquée de militaires libanais et syriens vient rappeler que l'eau est aussi source de conflits. Postes de contrôle, canons de DCA et blindés encadrent ce barrage long de 1350 mètres. L'image idyllique de la Bekaa s'estompe rapidement face aux uniformes.
«Depuis les années septante, les Israéliens ont pris l'habitude de pomper les eaux du Litani», explique une responsable d'association locale. Elle évoque les années de guerre, l'invasion à répétition de cette région du Sud-Liban par l'Etat hébreu. «Opération Litani» en mars 1978, opération «Paix en Galilée» en 1982, occupation de la zone dite «de sécurité» jusqu'en mai 2000...
Plusieurs observateurs soutiennent que, outre la lutte armée contre les éléments de la résistance palestinienne ou du Hezbollah, l'accès aux ressources hydrauliques représente une des raisons majeures des occupations militaires orchestrées par Israël (lire ci-dessous). Pendant des années, ingénieurs, enquêteurs et même soldats des casques bleus de l'ONU ont livré des rapports concernant des cas de pompage des eaux du Litani par les Israéliens.


SABOTAGE SYSTÉMATIQUE

D'un côté, l'Etat hébreu, qui souffre de pénuries sur ses propres terres. De l'autre, le Liban et ses montagnes, véritable château d'eau du Proche-Orient, souvent accusé par le gouvernement de Tel-Aviv de dilapider l'or bleu. C'est un fait: une bonne partie des eaux du Litani se déverse directement dans la Méditerranée. En jetant un coup d'oeil au barrage de Qaraoun, on peine d'ailleurs à saisir les dimensions réelles du litige. L'installation libanaise semble aujourd'hui encore fonctionner au ralenti, bien en deçà des capacités d'exploitation réelles du fleuve. Comme si, technologiquement parlant, le temps s'était arrêté au milieu du siècle.
Précisément, la construction du barrage remonte à 1959. A l'origine, il était «destiné à la production d'électricité et à fournir de l'eau d'irrigation aux grandes étendues cultivées de la Bekaa, explique un guide. Mais ces objectifs n'ont pu être atteints pendant de nombreuses années, à cause de la guerre civile (1975-91) et de l'occupation d'Israël du Sud-Liban. Un des aspects les plus ambitieux du projet, qui pourrait être repris aujourd'hui, consistait à construire quatre autres barrages et à creuser un tunnel pour irriguer la région de Natatiyé», située plus au Sud.
Mais la mise en valeur du potentiel hydraulique libanais, considéré comme le plus important de la région et représentant la seule ressource naturelle du pays, piétine lourdement. Bon nombre d'infrastructures ont en effet été détruites pendant la guerre. Certaines sous les bombardements israéliens de 1982. Les soldats de l'armée israélienne auraient aussi mené des opérations de sabotage systématique des canalisations, selon les témoignages d'un habitant. Faute d'une gestion publique efficace, le gouvernement du premier ministre Rafic Hariri compte désormais sur les investissements du secteur privé pour lancer de nouvelles constructions de barrages dans le bassin Wazzani-Hasbani. Dont un projet ambitieux portant sur dix ans, estimé à un coût global de 420 millions de dollars, rapporte le Daily Star de Beyrouth.


SHARON MOINS OBSÉDÉ

Là encore, il faudra composer avec le voisin hébreu et en appeler à des médiations internationales pour éviter de nouvelles querelles, voire des bombardements. «Dès que l'on parle du Sud-Liban, il faut rappeler qu'Israël y a des intérêts importants, souligne Thomas Litscher, ambassadeur de Suisse au Liban. Ariel Sharon a menacé le pays en octobre 2002 quand le Gouvernement libanais a inauguré une nouvelle station de pompage des eaux du Wazzani. Pour Israël, cela valait déjà le casus belli.»
Le gouvernement de Sharon semble aujourd'hui moins obsédé par l'accès au fleuve Litani. La situation s'était relativement détendue dans les environs. A une vingtaine de kilomètres seulement au sud-est du lac Qaraoun, la fixation israélienne sur les eaux de la rivière Wazzani et le fleuve Hasbani, situé en bonne partie sur territoire libanais en amont du Jourdain, reste en revanche toujours de mise. C'est même dans cette région du Mont-Hermon, fief du Hezbollah, que de violents accrochages militaires ont eu lieu ces derniers jours.
 

 

 


 

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