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13/06/2010

On ne pourra pas sauver le « soldat euro »…

Il y a quinze jours, le banquier suisse Alexandre Wohlwend annonçait avec fracas la fin de l’euro dans les médias suisses, et accusait les États-Unis d’avoir “contaminé l’Europe avec leur concept de mondialisation et de profit maximum à court terme”. Pour la revue Flash, notre camarade Clovis Casadue a rencontré ce financier qui ne pratique pas la langue de bois.

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Dans un récent entretien accordé au quotidien suisse la “Tribune de Genève, vous avez annoncé la fin de l’euro, rompant ainsi avec le discours feutré auquel vos banquiers nous ont habitués.

Je dois préciser que je n’appartiens à aucun parti politique, que je n’ai pas de tendance politique et que je suis viscéralement Suisse, donc neutre en ce domaine. Je ne suis pas non plus un donneur de leçons. Mon analyse est donc fondée sur une profonde réflexion. Je pense que l’euro est réellement malade, il n’y a rien de subversif dans tout cela, mais cette monnaie, par son essence plurinationale, et en raison des déséquilibres des pays la partageant, est vouée à disparaitre.

Et la fin de la devise européenne, ce serait pour quand ?

Je ne veux pas me hasarder dans un pronostic chiffré, mais cela pourrait être assez rapide. J’estime qu’avant cinq ans, les pays européens auront largement commencé à se retirer de la zone euro pour revenir à leur monnaie nationale. La fin de l’euro s’effectuera par paliers.

Cette monnaie restera un certain temps entre 1,20 et 1,26 dollar, puis viendra une période où elle s’échangera entre 1,12 et 1,14. Enfin, si la “ligne de flottaison” historique à 1,08 dollar est rompue… Ce sera alors le plongeon final…

Les pays de la zone euro pourraient-ils récupérer leur monnaie nationale ?

Je crois que cela est inexorable. C’est d’ailleurs le seul plan de sauvetage possible. L’euro tel qu’il a été conçu n’est qu’un leurre. Nous sommes entrés dans la seconde phase d’une crise mondiale. Une crise qui est structurelle et systémique.

On a voulu fabriquer une Europe sur le modèle des États-Unis et cela n’est absolument pas viable. Ce qui se passe aujourd’hui avec la Grèce est le premier symptôme du dysfonctionnement.

Quand un État connaît une évolution sociale, financière et salariale qui le met en porte-à-faux par rapport à ses pays partenaires en matière de commerce ou vis-à-vis d’une monnaie commune, on parle alors de “choc asymétrique”. Quand un pays est souverain, il peut régler ce problème par un réajustement, par une dépréciation ou une dévaluation de sa monnaie. Dans le cas présent c’est impossible.

Mais le pouvoir européen voudrait placer les pays de la zone euro – et les Allemands l’ensemble de l’Union européenne – sous tutelle, justement pour en ajuster les économies…

Cette harmonisation fiscale et salariale est impossible. C’est-à-dire placer tout le monde au même niveau pour liquider ce choc asymétrique. La Grande-Bretagne refuse catégoriquement. Les pays de l’Est ne sont pas entrés dans l’Union pour cela, et pour tous les autres, on risque de se retrouver avec une situation de révolte semblable à celle de Mai 68.

En ce moment, l’Europe est euphorique parce qu’elle est droguée à l’endettement. Or cette “solution” ne fait qu’augmenter la dose de drogue en créant encore plus de dettes !

On peut éventuellement créer une embellie temporaire sur les marchés boursiers mais on ne pourra pas sauver “le soldat euro” de cette façon. Tout cet argent sera finalement ponctionné auprès des contribuables. On va aller vers une paupérisation grandissante des peuples européens, ce qui risque d’entraîner une crise sociale importante. On le voit déjà aujourd’hui : les pays qui s’en sortent le mieux sont ceux qui, comme le nôtre (la Suisse, Ndlr), ont conservé leur monnaie.

Quel est votre intérêt à vous exprimer dans les médias ?

Depuis l’article de La Tribune de Genève, je n’ai pris que des coups. J’essaie simplement de faire passer, dans le débat démocratique, un autre avis que celui qui est formulé par le consensus financier.

Mon combat est celui de la vérité et de l’honneur. Beaucoup de gens partagent mon opinion.

Parfois, le progrès, c’est de savoir revenir en arrière.

Propos recueillis par Clovis Casadue pour la revue Flash

Publié en exclusivité sur Mecanopolis, avec l’aimable autorisation de Jean-Emile Néaumet, directeur de la rédaction

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Sommaire de FLASH n°41 :

• Contre la mondialisation : vive le vin français ! Entretien exclusif avec l’œnologue Alexandre Rougé, part en guerre contre le pinard Mc World !

• La basilique de Saint-Denis en ruine ? Karim Ouchikh vole au secours des tombeaux des rois de France. Flash relaie la pétition des Manants du Roi en page 7

• Bhoutan : le pays où l’immigration est interdite. L’Île de Sercq, du droit féodal aux prédateurs capitalistes… Les révélations de Christian Bouchet en pages 8 et 9

• Délinquances : Alain Soral fait le tri en page 11

• Les bois sculptés de Jean de Villiers, artisan français : Marie-Claire Roy les a vus pour vous en page 14

• Contre le fléau Lady Gaga, Nicolas Gauthier a trouvé l’antidote en page 15. C’est Corinne Bailey Rae !

• Clermont-Ferrand, champion de France de rugby ? Gabriel Fouquet salue l’exploit de cette équipe pas comme les autres en page 16…

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