Que se passe-t-il entre Pékin et Washington après la visite de Xi Jinping aux Etats-Unis ? (15/10/2015)

La Chine montre aux USA qu'elle n'est pas à ses ordres !

Les commandes promises sont passées sous le nez des USA !

Que se passe-t-il entre Pékin et Washington après la visite de Xi Jinping aux Etats-Unis ?

Le président américain Barack Obama et son homologue chinois Xi Jinping

Source: Reuters

Le président américain Barack Obama et son homologue chinois Xi Jinping

L’ancien sous-secrétaire de l’Organisation de coopération de Shanghaï (OCS), Vladimir Zakharov se penche sur les relations américano-chinoises après la rencontre de Xi Jinping avec Barack Obama.

A la fin du mois de septembre le président chinois a effectué une visite officielle aux Etats Unis. A cette époque tout le monde s'attendait à une ouverture spectaculaire entre deux supergéants économiques et politiques. Mais hélas, rien ne s'est produit. Malgré les promesses chinoises d'acheter des dizaines de Boeing et des usines aux Etats-Unis pour plusieurs dizaines de milliards de dollars, les pourparlers entre Barack Obama et Xi Jinping n'ont pas abouti à un accord concernant la situation économique globale ainsi que le commerce bilatéral. Pas de solution aux divergences existantes entre Washington et Pékin dans leur approche des problèmes au plan régional et international.

Qui est le véritable maître du Fonds monétaire international ?

Tout d'abord, la Chine n'a pas reçu de feu vert pour les réformes qu’elle attendait au sein du FMI, où Pékin espérait obtenir davantage de droits de vote compte tenu du fait que la Chine est capable d’y verser une somme d’argent équivalant à celle des Etats Unis. De plus, Washington n'a pas tenu sa parole et persuadé le FMI d'internationaliser le yuan chinois au mois de novembre prochain. Le délai a été repoussé d'un an sans engagement solide (la monnaie chinoise est pourtant utilisée deux fois plus que le yen japonais dans les transactions internationales, alors que ce dernier fait partie des cinq monnaies dites de réserve internationale).

Un partenariat sans Russes ni Chinois

Très peu de temps après la visite de Xi Jinping à Washington, le 5 octobre 2015, l'accord de Partenariat Trans-Pacifique (en anglais TPP), a été signé à Atlanta (un traité multilatéral de libre-échange qui vise à intégrer les économies des régions Asie-Pacifique et américaine dans un espace de libre-échange). Même si tous les partenaires sont membres de l'APEC, le TPP ne couvre qu'une partie des pays de la région. La Russie et la Chine n'y ont en effet pas été conviées.

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L' accord de principe signé au niveau ministériel à Atlanta le 5 octobre 2015, après cinq jours d’ultimes tractations, doit être soumis à la ratification des 12 parties prenantes (Etats-Unis, Canada, Mexique, Chili, Pérou, Japon, Malaisie, Vietnam, Singapour, Brunei, Australie et Nouvelle-Zélande) qui regroupent un total de 800 millions d'habitants et produisent 40% du PNB mondial, ce qui en fait la plus grande zone de libre-échange du monde.

Une victoire diplomatique tactique qui pourrait court-circuiter le contexte stratégique

Ce succès diplomatique pour Barack Obama pourrait permettre à la diplomatie américaine de se concentrer sur la négociation du projet de traité de libre-échange transatlantique qui a débutée en 2013. Mais pour le moment, la France y est hostile et les gigantesques manifestations d’opposition qui se sont tenues à travers toute l'Allemagne prédisent aussi qu’Angela Merkel aura de grandes difficultés à persuader l'opinion publique allemande du bien-fondé de ce traité de libre-échange transatlantique (TAFTA). En même temps, cet accord pourrait évidement couper l’herbe sous le pied de la Chine qui a pris du retard avec ses propres projets de Partenariat économique régional complet (PERC) et de création d’une zone de libre-échange entre la Chine, le Japon et la Corée du Sud.

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La Chine, la Corée du Sud, la Thaïlande et les Philippines n’excluent pas de rejoindre un jour le TPP même si ce traité va à l'encontre d'importantes promesses électorales de Barack Obama et du Parti démocrate : «Nous ne négocierons aucun traité commercial qui aurait pour effet de restreindre notre capacité à protéger l'environnement, la santé publique et la sécurité alimentaire. Nous ne négocierons aucun traité commercial susceptible d'accorder des privilèges aux investisseurs étrangers au détriment des investisseurs locaux, d'aboutir à la privatisation de nos précieux services publics ou de nuire aux pays en développement qui prennent des mesures pour faciliter l'accès aux médicaments essentiels».

On voit très bien que, concernant cet aspect, le TPP ne pourra pas satisfaire les désirs des Chinois. D’autant plus, si l’on tient compte d’une phrase prononcée par le président américain une semaine après la visite de son homologue chinois : «Ce n’est pas la Chine, au contraire, ce sont les Etats Unis qui vont formuler les règles du commerce international !»

Des porte-avions américains mettent le cap sur la mer de Chine méridionale

Fini les bonnes paroles ! Fini la politesse diplomatique ! Washington reprend le même langage rituel de menaces et de mépris à l'égard de Pékin. Malgré des suppositions hasardées de la part de certains experts chinois, rien n’a changé sauf le ton, dans l’approche du différend qui oppose aujourd'hui la Chine et les pays de l'ASEAN sur certaines îles de la mer de Chine méridionale. A peine dix jours après la visite du président chinois à Washington, le Pentagone s'est déjà engagé à y envoyer des navires de combat américains pour patrouiller «d'une manière régulière» dans cette région sur laqualle la Chine revendique sa souveraineté. Finita la comedia !

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