Etats-Unis : Aujourd'hui la crise touche aussi les plus fortunés et leurs pharaoniques demeures. (14/04/2010)

Courrier International - 09/04/10 - Craig Karmin, James R. Hagerty | The Wall Street Journal

De nombreux Américains modestes ont perdu leurs logements en raison de la crise. Aujourd'hui, celle-ci touche aussi les plus fortunés et leurs sompteuses demeures.

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L'acteur américain Nicolas Cage

Célébrités et nantis ont désormais un point commun avec des centaines de milliers d’Américains des classes moyennes et inférieures : la banque s’apprête à saisir leur domicile. Le nombre de saisies de maisons sur lesquelles pèsent des hypothèques de 5 millions de dollars ou plus devrait être en nette augmentation cette année, selon une étude RealtyTrac pour The Wall Street Journal.

La première semaine du mois d’avril, un manoir de style Tudor du quartier de Bel Air, à Los Angeles, appartenant à l’acteur Nicolas Cage, a été mis aux enchères après saisie et finalement attribué à l’organisme prêteur. Mercredi 7 avril, Richard Fuscone, un ancien dirigeant de Wall Street, s’est déclaré en faillite personnelle, ce qui lui a permis d’éviter la vente aux enchères de sa propriété de 6 hectares à Westchester, dans l’Etat de New York. Le mois dernier, un immeuble d’habitation de Manhattan appartenant au producteur de cinéma italien Vittorio Cecchi Gori a été vendu aux enchères 33,2 millions de dollars. Durant le seul mois de février, pour l’ensemble des Etats-Unis, 352 logements de luxe devaient être mis aux enchères, dernière étape avant le rachat par la banque. C’est le plus fort taux mensuel d’avis de ventes aux enchères pour des biens de ce type depuis le début de la crise financière. Pour comparaison, il n’y en avait eu que 1 312 sur toute l’année 2009.

Selon les économistes, si les superriches sont généralement les derniers à perdre leur logement, c’est parce qu’ils possèdent beaucoup d’épargne et ont un meilleur accès aux prêts et à d’autres moyens leur permettant d’éloigner le spectre de la saisie. Cependant, ils sont aussi nombreux à travailler dans les services financiers et d’autres secteurs particulièrement touchés par la crise et à avoir vu leur fortune s’effondrer lors du krach boursier. Richard Fuscone, ancien directeur du secteur Amérique latine chez Merrill Lynch, avait mis sa demeure en vente en novembre dernier à 13,9 millions de dollars.

Mais elle n’a pas trouvé acquéreur. Un tribunal avait donc prévu de mettre aux enchères de cette propriété de 1 716 m2 possédant deux piscines, deux ascenseurs, six cheminées, 11 salles de bains et un garage pour sept véhicules. La mise en faillite personnelle de Fuscone est venue suspendre temporairement la procédure de saisie. Nicolas Cage avait lui aussi mis en vente sa maison de 1 100 m2 à Bel Air pour 35 millions de dollars, sans recevoir la moindre offre, raconte James Chalke, un agent immobilier. Lors d’une vente aux enchères organisée le 7 avril, la propriété n’a pas davantage trouvé preneur et a donc été acquise par le créancier ayant demandé la saisie. Ce phénomène ne se limite pas à New York ou à Los Angeles. Les banques ont remis la main sur des propriétés de plus de 5 millions de dollars en Géorgie, en Caroline du Nord et dans le Colorado. En Floride, les trois plus grandes saisies immobilières des dix derniers mois ont concerné une maison de 432 m2 à Sunset Islands, une autre de 784 m2 à Coral Gables et un appartement sur Miami Beach. Les emprunts contractés étaient compris entre 3,5 millions et 4 millions de dollars.

Les cessations de paiement ont commencé à se multiplier fin 2006, surtout chez les propriétaires devant rembourser des prêts à haut risque, ces prêts accordés aux acheteurs sans réelle assise financière, voire déjà endettés. Puis les difficultés de remboursement ont gagné les classes plus aisées, notamment les personnes qui avaient obtenu des prêts sans déclaration de revenu préalable. Fin 2009, près de 8 millions de foyers, soit 15 % de ceux ayant contracté un prêt immobilier, avaient du mal à rembourser leur prêt ou étaient sous le coup d’une procédure de saisie immobilière. Les gens les plus fortunés peuvent se permettre de retarder le plus possible la procédure, parfois pendant des années.

“Il leur est extrêmement difficile d’admettre leurs revers de fortune”, explique Maggie Navarro, agent immobilier à Pasadena, en Californie. Marc Carpenter, spécialiste des saisies immobilières à San Diego, souligne que s’il est beaucoup plus difficile aujourd’hui pour les acheteurs potentiels d’emprunter de l’argent, il y a encore moins d’acheteurs capables de s’offrir des propriétés aussi luxueuses.

Dans sa déclaration de faillite, M. Fuscone a fourni une liste des dettes contractées notamment auprès d’American Express, de Mercedes-Benz, d’une quincaillerie, d’une animalerie et d’une boutique de vêtements de luxe. “Je viens du monde de la finance et j’ai été personnellement ruiné par la crise financière qui a éclaté en mars 2008”, a écrit M. Fuscone dans sa déclaration de faillite. “J’ai été poursuivi en justice par la Patriot National Bank dans le cadre d’une procédure de saisie. Je n’ai actuellement aucun revenu pour les trente jours à venir.”

C.W. Kelsey, propriétaire de la quincaillerie Greenwich Hardware, fait partie des commerçants qui ont fait crédit à M. Fuscone. “Jusqu’à présent, la majorité de nos problèmes d’argent venaient de nos prestataires, observe-t-il. A présent, nous avons maille à partir avec des clients à qui on faisait crédit les yeux fermés il y a encore deux ou trois ans, des gens qui vivent dans des propriétés qui valent des millions.”


http://inventerre.canalblog.com/archives/2010/04/14/17567715.html

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