La déprime hivernale frappe aussi le marché américain de l'emploi (10/03/2010)

On a beau se dire que le pire est passé, il n'empêche que les perspectives sont peu encourageantes sur le marché de l'emploi aux Etats-Unis. Les fortes chutes de neige qui ont sévi sur la Côte est ont significativement contribué aux 36 000 suppressions de poste constatées en février. D'un autre côté, le nombre d'emplois temporaires a augmenté de 48 000, un phénomène qui augure en général d'une reprise de l'embauche. C'est bon signe, mais dans l'ensemble, le marché du travail reste sinistré.

On s'attendait à ce que cette tempête de neige aient des effets destructeurs sur l'emploi ; les filières sensibles aux conditions météorologiques ont d'ailleurs supprimé 60 000 postes. Mais cela signifie qu'au final, le reste de l'économie a réussi à en créer. Et de fait, la baisse somme toute modeste observée en février est un soulagement. En outre, les chiffres de décembre 2009 et de janvier ont été révisés à la hausse : ils montrent désormais une création nette de 35 000 emplois.

Morosité et défaitisme

La hausse des emplois temporaires est la meilleure nouvelle que les statistiques publiées le 5 mars aient annoncée. C'est habituellement un indicateur avancé de la reprise du marché de l'emploi, car les employeurs qui ont besoin de personnel commencent souvent par proposer des contrats temporaires. Comme la production est aussi en progrès, on peut espérer pour mars un regain de l'embauche et une augmentation de l'emploi salarié.

Le bilan statistique montre cependant que la morosité n'a pas fini de dominer. Le chômage de longue durée reste exceptionnellement élevé, tandis que les abandons de recherche d'emploi se multiplient. Bien qu'ils ne soient pas comptabilisés dans les chiffres du chômage, ces abandons ont progressé de 139 000 en février. Ils sont maintenant deux fois plus nombreux que lors du cycle économique précédent.

Ce défaitisme des candidats à l'emploi est apparemment un phénomène qui persiste longtemps après le retour à la croissance. Le dernier pic en date a été observé en août 2004, c'est-à-dire onze mois après le début du recul du chômage. Il est donc probable que la tendance s'accentuera au cours des prochains mois, ce qui alourdira le préjudice social et économique causé par la récession.

Le niveau des salaires n'est pas non plus très réconfortant. Le salaire hebdomadaire moyen a baissé de 1,23 dollar (1 % de plus par rapport à 2009), ce qui veut dire que le salaire réel a significativement baissé. L'expansion du travail temporaire, qui procure une rémunération et des avantages sociaux moins intéressants, va contribuer au maintien de la compression des salaires et décourager peut-être un peu plus les chercheurs d'emploi.

Enfin, le crédit aux entreprises reste faible. Le chômage de longue durée est très important, les salaires ne profitent pas des gains de productivité : tout cela rappelle quelque peu le marché de l'emploi des années 1930. La "bonne surprise" de février sur le front de l'emploi n'est donc qu'une bien piètre consolation.

(Traduction de Christine Lahuec.)

Le Monde

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