La grippe A(H1N1) relance le débat sur la vaccination (11/10/2009)
"Je refuse, à moins de nouvelles données, de faire le vaccin contre la grippe A(H1N1), à part à deux ou trois enfants qui ont des pathologies sévères. Le serment d'Hippocrate dit "ne pas nuire". Dans ce cas-là, je ne suis pas certaine de ne pas nuire", souligne le docteur Isabelle Lecourtier, pédiatre homéopathe à Paris.
Médecins, infirmières, pharmaciens... ils sont nombreux à être réticents. Plus de la moitié des médecins libéraux ne sont pas prêts à se faire vacciner, selon un sondage Ifop publié le 21 septembre par Le Quotidien du médecin.
"Une vaccination massive contre un virus grippal relativement bénin présente des risques, du fait d'un vaccin développé trop rapidement, et d'un adjuvant susceptible de déclencher des maladies auto-immunes (...) ; le remède risque d'être pire que le mal", indique le syndicat national des infirmiers (SNPI) CFE-CGC.
La crainte des vaccins est souvent plus forte que celle des maladies infectieuses contre lesquelles ils protègent. "Je suis assez réticente aux vaccins, surtout que certaines substances utilisées, comme les adjuvants tels que l'aluminium, sont parfois jugées suspectes", explique Géraldine, maman d'un garçon de 5 ans. Même chose pour ses deux soeurs, Clara et Noémie, mamans elles aussi (les prénoms ont été changés). Elles viennent d'une famille où l'on se soigne beaucoup à l'homéopathie et où l'on est très attentifs aux conditions de vie.
Le fils de Géraldine n'a eu que le vaccin DT-polio (diphtérie, tétanos, poliomyélite), seul vaccin aujourd'hui obligatoire, et n'a pas reçu le BCG, contre la tuberculose, alors obligatoire - il ne l'est plus depuis 2007. Sa soeur, Clara, l'aînée (mère de trois enfants de 22, 19 et 17 ans) a toujours fait le strict minimum. Les enfants de Noémie sont eux aussi uniquement vaccinés contre le DT-polio. Plus précisément, "après de longues discussions avec mon médecin sur le BCG, il a répondu pour les quatre enfants : "je vaccine leur carnet de santé"". Ses carnets sont d'ailleurs clairsemés : peu de vaccins, peu de visites chez le médecin. Noémie reconnaît avoir été le mouton noir à l'école lorsque l'une de ses filles a eu la rougeole.
Même chose avec le corps médical : "Vous ne vous rendez pas compte, il n'est pas vacciné !", lance-t-on à Géraldine lorsque son fils doit être hospitalisé. Plus informées qu'avant - en attestent les consultations des sites Web sur la santé - ces familles sont souvent tournées vers les médecines naturelles.
"Pour mes deux premiers enfants, je ne me suis pas posé de questions. A trois mois, on les pique, c'est assez routinier. Au troisième enfant, je me suis rebiffée", raconte Monique Petrucciani, mère de quatre enfants de 27 à 23 ans. "Informons-nous soigneusement avant d'accepter un vaccin et souvenons-nous que toute information officielle, OMS y compris, vient de l'industrie pharmaceutique", alerte Françoise Berthoud, pédiatre homéopathe. Elle a créé un groupe de réflexion sur les vaccinations.
D'autres familles sont plus radicales. Jacques Bessin a toujours refusé de faire vacciner sa fille Ophélie, aujourd'hui âgée de 9 ans, hospitalisée à onze mois pour "anorexie". M. Bessin a été accusé de "refus de vaccination". La justice a finalement décidé d'un non-lieu. Il a été soutenu par Jean-Marie Mora, président de la Ligue nationale pour la liberté des vaccinations, qui affirme recevoir de plus en plus de demandes de renseignements. D'autres associations existent, comme l'Association liberté information santé (Alis). Des messages alarmistes circulent sur Internet. Des groupes tel "phobie de vaccins" se sont constitués sur Facebook.
L'épisode de l'hépatite B, pour lequel la campagne vaccinale était selon certains excessive, a renforcé la méfiance à l'égard du vaccin. Les questions sont d'autant plus vives que "s'agissant des vaccins, c'est un peu comme dans toute religion, il y a des intégristes, avec un aspect très passionnel, peu rationnel, des deux côtés, les anti et les pro", observe le docteur Dominique Le Houézec, pédiatre à Caen et conseiller médical de l'association Revahb (Réseau des victimes du vaccin hépatite B). "Je ne suis pas antivaccins, j'en fais dix par jour. Mais je suis contre le fait de vacciner tous les nourrissons contre l'hépatite B", ajoute-t-il. Même écho pour le docteur Lecourtier : "J'ai des réserves. Cela dépend des familles, du mode de garde des enfants. Je préfère séparer et espacer les injections chez les bébés car on ne sait pas quel est l'effet de l'exposition à l'hydroxyde d'aluminium (un adjuvant) à long terme." "Les enjeux affectifs et économiques sont considérables", explique Jean-Pierre Lellouche, pédiatre retraité dans le Calvados.
Dans leur livre La Vérité sur la grippe A(H1N1), (éd. Delville santé, 144 p., 15 euros), les docteurs Bruno Lina et Jérôme Salomon notent que "l'historique pasteurien fait que le pays est très en faveur des vaccins et promoteur, producteur de vaccins. Pourquoi vacciner des enfants qui pourraient faire leur immunité naturellement ? Cette question alimente régulièrement le débat".
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